Quand débutera la saison hommes de ski alpin ? «En raison des fortes chutes de neige la nuit dernière et ce matin, ainsi que du vent fort, le jury et les organisateurs ont décidé d’annuler la descente d’aujourd’hui pour garantir la sécurité de chacun», a indiqué en début de matinée une porte-parole de la Fédération internationale de ski (FIS). Sur son compte Twitter, l’instance du ski ajoute «On croise les doigts pour demain !», alors que de nouvelles chutes de neige pourraient perturber la deuxième descente prévue dimanche à 11h30.

Il faudra encore patienter pour assister au premier podium masculin de la saison en Coupe du monde et voir si le Suisse Marco Odermatt, N.1 mondial des deux derniers hivers, champion olympique de géant et champion du monde de descente, est toujours aussi impérial. Comme 46 autres concurrents, Odermatt s’était bien élancé le 19 octobre sur le glacier autrichien du Rettenbach, à Sölden, mais les violentes rafales avaient conduit le jury à interrompre la première manche puis annuler toute la course.

A Zermatt-Cervinia, première étape transfrontalière de l’histoire du circuit mondial, les conditions hivernales depuis trois semaines paraissaient plus favorables que l’an dernier: la première édition avait été annulée en raison du manque de neige sur le bas du tracé, alors que la course s’élance d’un glacier à 3.800 m d’altitude. Mais si le soleil a offert un premier entraînement quasi idéal mercredi, permettant aux skieurs de découvrir la «Gran Becca», le retour des flocons a contraint à annuler les deux autres séances jeudi et vendredi.

La neige fraîche est particulièrement critique pour les courses de vitesse — descente et super-G — puisqu’elle dégrade le revêtement habituellement lisse de la piste et supprime toute visibilité alors que les concurrents sont lancés à plus de 100 km/h. Quant au vent, il perturbe la trajectoire des skieurs sur les sauts et pose par ailleurs un problème d’équité sportive: selon sa force et sa direction, il accélère certains passages et en ralentit d’autres.

Si la descente de dimanche est maintenue, elle obligera les descendeurs à doser leur prise de risques puisqu’ils n’auront qu’une connaissance limitée de la piste, à la différence des classiques comme Beaver Creek, Bormio, Kitzbühel ou Wengen.

Nouvelle course sur le circuit mondial, censée créer une «ouverture de la vitesse» pendant que Sölden démarre l’hiver des spécialistes de la technique, Zermatt-Cervinia suscite par ailleurs des polémiques sur son impact sur l’environnement. le journal suisse 20 minutes avait dévoilé en octobre des images de pelleteuses creusant le glacier du Théodule pour préparer la Gran Becca, pour partie hors du domaine skiable autorisé, a depuis confirmé la justice valaisanne saisie par plusieurs associations.

Les organisateurs ont assuré que l’arrêt des travaux dans cette portion n’aurait pas d’incidences sur la tenue des épreuves, et le patron du ski suisse Urs Lehmann a rappelé que «personne n’aurait skié sur un glacier depuis des décennies» sans bulldozers pour les sécuriser. Mais Zermatt-Cervinia illustre un peu plus l’artificialisation de la montagne pour y tenir des épreuves sportives, alors même que les effets du réchauffement y sont spectaculaires — un dilemme déjà illustré par la tenue des JO-2022 de Pékin sur des pentes arides, ou par les hélicoptères et camions de neige utilisés en 2017 pour préparer la mythique descente autrichienne de Kitzbühel –.