Depuis la pandémie de Covid-19, l’EPCR a changé tous les ans la formule de la compétition. Pour cette édition, les 24 clubs participant à la Champions Cup sont, cette fois, répartis en quatre poules de six. Chaque club jouera quatre matchs contre quatre adversaires différents qui ne sont pas issus de sa propre ligue, soit à domicile, soit à l’extérieur. Les quatre équipes irlandaises sont placées dans une poule différente, comme les deux provinces sud-africaines (Stormers et Bulls). Chaque poule compte deux équipes du Top 14. À l’issue de la phase de poules, les quatre clubs les mieux classés de chaque poule seront qualifiés pour les huitièmes de finale, et les clubs qui termineront à la cinquième place seront reversés, eux, en huitièmes de finale de Challenge Cup.
Considéré comme le championnat le plus relevé du monde, le Top 14 caracole en tête du nombre de titres glanés (11), devant l’Angleterre (10) et l’Irlande (7). Et la France règne sans partage sur le Vieux Continent depuis trois ans. Une véritable mainmise – la même que Toulon entre 2013 et 2015 – avec le sacre de Toulouse en 2021 et le doublé historique réalisé par La Rochelle lors des deux dernières éditions. L’attente est une nouvelle fois très grande du côté des écuries françaises. Avec notamment un Racing 92, leader du championnat qui compte désormais dans ses rangs l’Anglais Stuart Lancaster, ancien du Leinster et habitué des joutes désormais intercontinentales. Les Franciliens, triples finalistes malheureux (2016, 2018, 2020), n’ont jamais caché que cette compétition est un objectif prioritaire.
Bayonne, belle surprise de la saison dernière, va découvrir la Champions Cup sur la pelouse du Munster. On a connu plus facile comme baptême…. Avec sa prometteuse ligne de trois-quarts de «Galactiques» (Jalibert, Penaud, Moefana, Bielle-Biarrey), l’Union Bordeaux-Bègles va-t-elle franchir un cap ? Les Girondins avaient réussi en 2021 à se hisser en demi-finale (défaite contre Toulouse, futur vainqueur). Enfin, le Stade Français Paris et Toulon, de retour au premier plan en Top 14 après des années dans le creux de la vague, voudront retrouver leur lustre passé en Champions Cup. «On veut évoluer au niveau supérieur face à ce qui se fait de mieux en Europe. On est impatient de rencontrer ces grosses équipes et de démarrer cette compétition, ça fait longtemps qu’on l’attend», insiste l’ailier varois Gabin Villière.
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Reste une interrogation : comment les internationaux tricolores vont-ils réagir en cette année post-Mondial ? Antoine Dupont, qui rêve de participer aux JO avec l’équipe de France à 7, ne reviendra à Toulouse qu’en cas de phases finales. «Il faut arrêter de dire qu’on a la tête à l’envers. La Coupe d’Europe arrive au bon moment : on change de compétition, il va falloir changer de braquet. Ça va nous donner de nouveaux objectifs», avance le pilier international Cyril Baille. Problème, les saisons post-Coupe du monde ne réussissent pas aux Français. Seul Toulouse, pour la première édition en 1996, avait réussi à remporter le titre européen après le Mondial en Afrique du Sud.
Des places d’honneur. Le Leinster reste sur deux finales perdues, dans des conditions épiques, face au Stade Rochelais. La dernière, à domicile, dans son Aviva Stadium de Dublin. Les Dublinois, qui composent le plus gros contingent d’internationaux du XV du Trèfle, seront forcément revanchards, mais leur dernier sacre remonte déjà à 2018, une petite éternité. Surtout, ils vont devoir digérer le départ de leur ouvreur star Jonathan Sexton. La tâche sera ardue et la pression, forte, pour son successeur attitré Ross Byrne, actuellement blessé au bras. Derrière, le Munster et l’Ulster, s’ils restent redoutables, ont du mal dès que les phases finales commencent.
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Le cas de l’Angleterre est encore plus compliqué. Frappé par une grave crise financière qui a vu la banqueroute de trois clubs (Wasps, London Irish et Worcester), le rugby anglais est dans le creux de la vague. Fini les années dorées entre 2016 et 2020, avec les trois titres des Saracens et la première d’Exeter. La Premiership ne compte plus que dix clubs, les pertes cumulées des clubs lors des six dernières années s’élèvent 340 millions d’euros. Attention, toutefois, de ne pas enterrer trop vite les sujets de Sa Majesté qui font le pari (forcé) de la formation, du fait d’un salary cap très bas. On les annonçait en pleine crise et ils ont réussi à se hisser en demi-finale du Mondial et à longtemps y bousculer les Springboks.
L’an dernier, la mutation vers le sud avait commencé par l’intégration de trois provinces sud-africaines à la Champions Cup. Et les Bulls de Pretoria, les Stormers du Cap et les Sharks de Durban avaient réussi, pour leurs débuts, à se hisser en huitièmes de finale. Les Sharks et les Stormers avaient franchi ce palier mais avaient explosé, en quarts, face à Toulouse (54-20) et Exeter (42-17). Dur apprentissage. Invaincues sur leurs terres, ces trois provinces avaient souffert hors de leurs bases, notamment en raison des conditions précaires de transfert vers l’Europe. «Ce qui est dur pour l’Afrique du Sud, c’est que même si on finit en haut des classements, on n’aura pas droit aux demies chez nous, ça sera toujours en Europe», avait déploré Neil Powell, le directeur du rugby des Sharks.
Cette année, il n’y aura que deux provinces australes dans la grande compétition (Bulls et Stormers) et les Springboks présents dans leurs rangs voudront sûrement faire honneur à leur tout récent titre de Champions du monde. Si plusieurs Boks évoluent en France (Kolisi, Nyakana, Reinach) ou au Japon (Kolbe, Du Toit, De Klerk, Kriel, De Allende), un gros bataillon est encore «au pays». Bien décidé à briller cette année en Champions Cup, après avoir réussi d’entrée à mettre la main sur le United Rugby Championship (ex-Ligue celte), remporté en 2022 par les Stormers face aux Bulls (18-13).