L’écrivain Yann Moix, attaqué par ses parents pour injure et diffamation après les avoir accusés de violences dans sa jeunesse, a été relaxé lundi par le tribunal correctionnel de Paris. Les parents, José et Marie-José Moix, avaient porté plainte après une émission de Canal , En aparté, en octobre 2022, où leur fils les avait accusés de violences et sévices. Il leur reprochait par ailleurs d’être «racistes» et «homophobes».

La décision de la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris donne gain de cause au romancier de 56 ans. Le tribunal a estimé qu’une partie de ses propos sur les violences était fondée, et a reconnu au prévenu un droit à la véhémence et à l’exagération.

Le tribunal a pu s’appuyer sur une lettre de José Moix à son fils datant de novembre 2022, et citée à l’audience. Le père y écrivait que quand Yann Moix avait une attitude qui semblait inacceptable à ses parents, notamment quand il s’en prenait à son petit frère, il recevait des claques ou des fessées. Les parents de l’écrivain ont toutefois nié les violences systématiques dont a fait état leur fils.

Au tribunal, dans une ambiance très tendue, les récits des uns et des autres étaient entrés en totale contradiction sur tous les points abordés. Devant ses parents qui l’écoutaient sans broncher, Yann Moix avait dit avoir été «molesté, frappé, martyrisé». Il assumait de souhaiter «la mort» de ses parents. Ces derniers, alors que leur fils avait quitté la salle pour ne pas les entendre, avaient répliqué en dénonçant des «mensonges», «une honte», «du roman».

Sur Canal , l’écrivain citait plusieurs sévices que les parents avaient réfutés avec force: être enfermé dehors la nuit, emmené en forêt pour un simulacre d’abandon, recevoir «des coups de rallonge électrique», ou encore devoir regarder brûler les livres de sa bibliothèque ou des fiches de préparation aux concours.

Si aucune de ces accusations n’a pu être confirmée ni réfutée, le tribunal a considéré qu’une condamnation qui restreindrait la liberté d’expression de Yann Moix ne pouvait pas se justifier. «C’est une décision bien entendu satisfaisante pour Yann Moix, mais qui va bien au-delà. Elle permet d’accroître la liberté des propos au nom de l’importance de l’intérêt général en cause, et de l’absolue nécessité d’empêcher que le récit de telles expériences soit bâillonné», a affirmé l’avocat de l’écrivain, Jean-Marc Fedida.

La rupture entre Yann Moix et le reste de sa famille est devenu de notoriété publique après la parution en 2019 du roman Orléans, où l’écrivain racontait une enfance martyrisée. Ses parents et son frère Alexandre, âgé de quatre ans de moins, avaient répliqué dans la presse. D’après eux, au contraire, le plus violent était Yann Moix, à l’encontre de son petit frère. Yann Moix avait également été visé, après une autre émission de télévision en 2019, par une plainte pour diffamation de son frère Alexandre. L’affaire s’était terminée en 2023 par un arrêt de la Cour de cassation annulant toute la procédure.