La Caisse centrale de réassurance (CCR) a estimé mercredi à 550 millions d’euros le coût des inondations pris en charge dans le cadre du régime de catastrophe naturelle dans les Hauts-de-France, dont au moins la moitié à sa charge. «C’est un événement extrêmement important, exceptionnel à l’échelle des départements touchés», a déclaré Édouard Vieillefond, directeur général du réassureur public.
Le Pas-de-Calais a été touché pendant plus de deux semaines par des inondations à répétition, qui ont commencé au passage de la tempête Ciaran. Elles ont fait cinq blessés légers depuis le 6 novembre, et de très importants dégâts matériels. La facture annoncée par la CCR, qui vaut pour l’ensemble du marché de l’assurance, est une première estimation, qui pourra être révisée. Les assureurs disent se mobiliser: lundi, leur fédération professionnelle a invité ses membres à verser aux assurés sinistrés une avance dans les jours suivant la demande d’acompte après une première évaluation. Il faut dire que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire les avait appelés quelques heures plus tôt les assureurs à ne pas «pinailler».
Dans le Pas-de-Calais, un seul cours d’eau, la Canche, reste en vigilance orange pour risque de crues mercredi et devrait le demeurer jeudi. La décrue est en cours, mais elle est «lente» et «des débordements importants peuvent toujours être constatés», selon Vigicrues. L’Aa, qui avait fortement débordé ces derniers jours, est désormais classée en vert, la Hem en jaune. Le coût total des sinistres – tremblement de terre, sécheresse, autres inondations ou submersions en marge de tempête… – dépasse le milliard d’euros cette année pour la CCR, soit peu ou prou les primes perçues à ce titre.
Le régime dédié aux catastrophes naturelles a été déficitaire 6 des 7 dernières années et a dû puiser dans ses réserves, qui sont passées d’environ 4,5 milliards d’euros en 2016 à 2 milliards d’euros au début de l’année, rappelle Édouard Vieillefond. Ce déficit chronique du régime pose la question de son financement, aujourd’hui par une surprime de 12% sur les contrats d’assurance habitation.
La fédération professionnelle France Assureurs s’est prononcée mi-octobre pour une augmentation à 18% de cette surprime. La CCR penche en faveur d’une montée à 19% dans un premier temps et à 22% d’ici 2050. «Les événements catastrophiques sont de plus en plus fréquents avec des intensités de plus en plus fortes, ce qui était catastrophique il y a vingt ans devient presque récurrent et on se prépare à pire dans vingt ans avec le réchauffement» climatique, estime Édouard Vieillefond.