Rollon le Viking, Guillaume le Conquérant, Richard Cœur de lion, Philippe Auguste… Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Normandie médiévale est raconté dans la formidable série documentaire inédite signée Juliette Desbois. Scènes de fiction, reconstitutions de batailles, éclairages de spécialistes rendent très vivant ce film en trois épisodes de 52 minutes chacun. Normandie, terre de guerriers retrace avec clarté l’histoire pourtant complexe -faite de passion, de violence et d’espoir- d’une région objet de toutes les convoitises.

D’abord l’épopée des Vikings. Déferlant en hordes sur les côtes à bord de leurs drakkars, ils pillent et remontent la Seine grâce à leurs navires à fond plat. À partir du milieu du IXe siècle, leurs raids prennent de l’ampleur et finissent par atteindre Paris. Parmi les chefs de ces pirates, Rollon se distingue par son intelligence. Il passe un accord avec le roi franc Charles le Simple en 911 et fonde le premier duché de Normandie. «C’est l’acte de naissance de la Normandie», souligne l’historien Pierre Bouet.

Rollon le païen se fait alors baptiser et porte désormais le prénom Robert. Une conversion très habile politiquement. D’autant plus que le nouveau maître de la Normandie exige de ses hommes qu’ils deviennent également chrétiens. De quoi permettre à ces Vikings, qui étaient seulement 2 000 à 3 000, de s’intégrer parfaitement à une population autochtone de 350 000 âmes. Dans ces conditions, la région, qui vit enfin en paix, connaît un développement économique exceptionnel. Au point que Rollon, qui meurt en 932, devient de son vivant une figure mythique.

Et son arrière-arrière-arrière-petit-fils n’est autre que Guillaume le Conquérant. Celui-ci s’impose face aux convoitises de ses vassaux, puis face à celles du roi Henri Ier de France. Le destin de ce duc de Normandie est raconté avec précision dans la deuxième partie du film. En particulier son incroyable expédition outre-Manche avec un millier de navires transportant quelque 15 000 hommes et 5 000 chevaux. Ce débarquement épique permet à Guillaume, après sa victoire à la fameuse bataille de Hastings, le 14 octobre 1066, de se faire couronner roi d’Angleterre. La manière dont le descendant de Rollon feint la déroute pour finalement piéger les soldats anglais relève du coup de maître. Et, après sept heures de combats dantesques, le roi Harold, grand rival de Guillaume, est tué par un commando normand.

Enfin, l’opposition entre Richard Cœur de lion et Philippe Auguste illustre le sommet de la confrontation entre les rois de France et d’Angleterre pour le contrôle de la Normandie. «Richard mesure près de 2 mètres, il incarne le summum de la chevalerie. C’est un guerrier courageux, féroce et efficace. Philippe possède, lui, des qualités légèrement différentes. Il est avant tout un excellent souverain, un administrateur-né qui veut centraliser son royaume», explique l’historien Levi Roach.

La lutte menée par ces deux géants se termine par la mort inattendue de Richard. Puis le roi de France conquiert la Normandie, après sa victoire à la bataille de Bouvines, le 27 juillet 1214. «Jamais depuis ne fut personne qui osa faire la guerre au roi Philippe, mais il vécut depuis en grande paix et toute la terre fut en grande paix un grand moment.» Ainsi un chroniqueur anonyme, cité par feu Georges Duby, décrit-il la manière dont le souverain devient un grand rassembleur de terres , au détriment des Normands.