Le Norvégien Johannes Boe a écrasé la saison de biathlon. La France a réussi à arracher un peu de lumière grâce à Julia Simon au terme d’une saison splendide. Médaillée d’or (en poursuite) et de bronze (mass-start) des championnats du monde d’Oberhof en février (ses premières médailles individuelles internationales), la Française a, tout au long de l’hiver, été le fil bleu de l’équipe de France.
La Savoyarde a soulevé à Oslo le gros globe du classement général de la Coupe du monde, récompense d’une saison ambitieuse, maîtrisée (5 victoires). À 26 ans, la native d’Albertville succède au palmarès à Patrice Bailly-Salins (1994), Anne Briand (1995), Emmanuelle Claret (1996), Raphaël Poirée (2000, 2001, 2002, 2004), Sandrine Bailly (2005), Martin Fourcade (2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018) et Quentin Fillon Maillet (2022). L’équipe de France féminine attendait cet éclat du cristal depuis 18 ans…
Figure de proue de l’équipe de France de biathlon (Quentin Fillon Maillet n’a pu épingler aucune victoire), Julia Simon a, durant l’hiver, croqué dans tous les plaisirs. Elle qui en mars 2022 avait terminé la saison avec le genou gauche endolori et les regrets ramenés des Jeux olympiques de Pékin (une médaille d’argent en relais mixte n’avait pu consoler les déceptions entassées dans les courses individuelles) a travaillé dur durant l’intersaison pour se distinguer d’entrée.
S’appuyant sur un tir plus solide (aucune balle ratée au tir couché lors des 7 premières courses, Julia Simon racontait à Ski Chrono, après sa deuxième victoire de la saison (à Hochfilzen en Autriche, après un succès lors de la première étape de la saison à Kontiolahti en Finlande, au prix d’une folle remontée grâce à un sans-faute au tir) : « Je n’ai pas l’impression d’être la patronne, je ne m’appelle pas encore Marte Olsbu Roeiseland. J’ai l’impression de vivre ma meilleure vie en termes de résultats et de me faire plaisir, mais pas de devenir la patronne. J’ai le sentiment de franchir un palier un énorme, mais ce n’est pas une finalité. Il faut continuer de construire course après course. »
Pour se hisser jusqu’au prestigieux globe de cristal. Somme de sa carrière. Julia Simon qui a commencé le ski aux Saisies et a, en parallèle de sa passion pour la neige passé un CAP de menuiserie et aimerait, une fois sa carrière terminée, devenir ébéniste, une passion qu’elle partage volontiers sur Instagram.
Symbole de cette saison faste, Julia Simon a pu défiler en jaune au Grand-Bornand en décembre. Et défendre ensuite sa position. À Oberhof, Julia Simon la discrète racontait : « Depuis le début de l’hiver, il y a des attentes. Quand j’ai réussi à avoir le maillot jaune (de leader de la Coupe du monde en décembre), peu de monde pensait que j’étais capable de le garder. Finalement, au fur et à mesure, je montre que j’ai les épaules pour supporter cette pression et ces attentes. En début de saison, je voulais trouver de la régularité. Honnêtement, je ne pensais pas pouvoir la trouver à si haut niveau. Je n’ai pas eu de gros coup de mou. Ma moins bonne place, c’est une 18e place. Les trois dernières semaines (en Coupe du monde) ne vont pas être faciles. Il va y avoir encore beaucoup de pression. Là, il faut surtout que je récupère et que je reparte avec cette hargne que je peux avoir, et l’envie de bien construire mes courses. Je vais juste essayer de continuer à confirmer, à faire mon biathlon. »
Une infection au Covid-19 a perturbé sa fin de saison. Julia Simon a souffert mais n’a jamais perdu de vue l’objectif. Dans son dos, la menace a changé de dossard (la Suédoise Elvira Oberg, puis les Italiennes Liza Vittozzi et Dorothea Wierer) mais la Savoyarde a continué à viser juste. Les skis n’avaient plus qu’à l’accompagner jusqu’au délice de cristal.
Julia Simon aura, le temps d’un hiver, succédé au palmarès des championnats du monde à Marie Dorin-Habert (2015), avant de venir compléter la liste des Tricolores lauréats du classement général de la Coupe du monde. Au terme d’une saison folle. Le biathlon français a apporté la preuve qu’il avait de la ressource.