Après l’ouverture d’une enquête par la police allemande visant l’ex-Pink Floyd Roger Waters après à un concert où il s’était habillé dans une tenue évoquant un membre de la SS et utilisait notamment le nom d’Anne Frank, une victime historique de la Shoah, le cofondateur du groupe de rock a répondu à ses détracteurs en qualifiant leurs accusations de «mauvaise foi».
Sur ses comptes Instagram et Twitter dans un message publié vendredi 26 mai dans la soirée Roger Waters a écrit: «Mon récent concert à Berlin a généré des attaques de mauvaise foi de la part de ceux qui veulent me réduire au silence car ils sont en désaccord avec mes opinions politiques. Les aspects de mon concert qui ont été mis en cause constituent clairement un message contre le fascisme, l’injustice et le sectarisme sous toutes ses formes et toute tentative d’y voir autre chose est malhonnête».
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Avant donc la défense de Roger Waters la police berlinoise avait annoncé vendredi 26 mai l’ouverture d’une enquête, suite à des plaintes, «sur des soupçons d’incitation à la haine car les vêtements portés sur scène sont susceptibles de glorifier ou de justifier le régime national-socialiste et de troubler l’ordre public», selon un porte-parole.
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Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, le chanteur apparaît vêtu d’un long manteau noir marqué d’un symbole rappelant la croix gammée et de brassards rouges lors du concert. Plusieurs médias ont évoqué aussi des inscriptions, en lettres rouges sur un écran durant le concert, des noms d’Anne Frank et de Shireen Abu Akleh, journaliste vedette palestino-américaine de la chaîne Al Jazeera tuée lors d’un raid israélien en mai 2022.
«Malheureusement, les procédures judiciaires engagées contre lui ont jusqu’à présent tourné en sa faveur, bien qu’il propage l’antisémitisme et qu’il soit soupçonné d’incitation à la haine», a réagi samedi 27 mai le délégué du gouvernement allemand à la lutte contre l’antisémitisme, Felix Klein, auprès des journaux du groupe Funke. «J’en appelle à la vigilance de la police et de la justice et j’encourage d’autres dénonciations», a tenu à ajouter Félix Klein. Le concert berlinois a suscité de vives critiques en Israël. Le ministère israélien des Affaires étrangères a ainsi reproché mercredi à Waters d’avoir «souillé la mémoire d’Anne Frank et des six millions de Juifs assassinés pendant l’Holocauste». «Waters veut comparer Israël aux nazis». Il est «un des plus grands détracteurs des Juifs de notre époque», a aussi réagi sur Twitter l’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon. L’ex-Pink Floyd, 79 ans, s’est illustré ces dernières années par des prises de position politiques, notamment sur la guerre en Ukraine. «Il n’est pas vrai que l’invasion russe de l’Ukraine ait été non provoquée», avait-il notamment lancé le 8 février devant le Conseil de sécurité de l’ONU où il avait été invité par la Russie à s’exprimer. Il défend aussi des actions de boycott des produits israéliens au nom de la défense de la cause palestinienne. Les autorités de Francfort ont annulé un concert du chanteur britannique ce dimanche, mais la décision a été invalidée par un tribunal administratif au nom de la liberté d’expression. Une manifestation contre la venue de Roger Waters dans la ville est prévue à l’appel de la communauté juive locale et du parti des Verts notamment. «Les organisateurs de concerts devraient réfléchir à deux fois avant d’offrir une scène à des conspirationnistes», a jugé de son côté le responsable gouvernemental allemand.