À Marcoussis
C’est le petit jeune du nouveau staff de Fabien Galthié. À 38 ans, Laurent Sempéré a intégré le staff nouvelle version du sélectionneur, en remplacement de Karim Ghezal qui a fait lui le chemin inverse en quittant les Bleus pour le Stade Français Paris. Décontracté et à l’aise face aux médias, l’ancien entraîneur adjoint du club parisien s’est facilement intégré à son nouvel environnement. «D’un point de vue humain, c’est facile, la mayonnaise est en train de perdre entre nous, sans forcer les choses, a-t-il confié à Marcoussis, au moment de préparer le premier match du Tournoi face à l’Irlande (vendredi 2 février). Ce groupe a une expérience commune et il a l’habitude de bien vivre ensemble. J’en avais entendu parler de l’extérieur et je peux le confirmer de l’intérieur. Les liens sont sincères, on comprend mieux leurs résultats qu’ils ont eus ces quatre dernières années.»
L’ancien talonneur sacré champion du monde des moins de 21 ans en 2006 – passé par Perpignan (2004-2006), le Racing 92 (2006-2008) et essentiellement par le Stade Français (2008-2019) – est arrivé au sein d’un groupe France qui a dû digérer la terrible désillusion du dernier Mondial et cette élimination dès les quarts de finale face aux Boks. «C’est une expérience commune de ce groupe, certainement une cicatrice. Je n’étais pas là mais je suis convaincu que c’est un événement qui va nous permettre dans le futur d’être plus forts.» Et d’ajouter : «Il ne faut pas essayer de l’oublier. Au quotidien, on fait des références à ce match. Il faut toujours chercher à progresser et à faire mieux.»
Pour lui, cette nomination dans le staff tricolore est aussi un changement de vie, un changement de rythme et d’habitudes de travail. «J’ai rapidement été dans l’opérationnel et dans le concret, poursuit-il. Je ne me suis pas forcément projeté donc cela m’évite de comparer ce que j’imaginais à ce que je vis. Le job est complètement différent, il y a une petite adaptation à faire.» Le Catalan rappelle que «quand on est en club, on a 11 mois pour faire évoluer son équipe. Là, nous sommes rassemblés au maximum pendant deux mois. Durant ces deux mois, il faut arriver à faire passer un message et surtout s’aligner avec les joueurs. On a une vision tactique et stratégique du match mais il ne faut pas négliger la relation humaine.» Il poursuit en souriant : «C’est très différent au quotidien. Ces dernières semaines, j’entraînais un ordinateur ! Je passais beaucoup de temps à programmer, à réfléchir sur la façon dont je pouvais, en très peu de temps, faire passer le maximum de messages.»
Son adaptation est facilitée par la présence de William Servat, avec qui il partage désormais la responsabilité de la conquête tricolore. «On ne part pas d’une feuille blanche. Je m’appuie beaucoup sur lui et son vécu. Il est hyper important et c’est une chance d’entamer cette aventure avec lui», avance Laurent Sempéré, qui souligne également les liens qu’il est en train de nouer avec l’Anglais Shaun Edwards, en charge de la défense, et Patrick Arlettaz, nouveau responsable de l’attaque.
Au Stade Français, le travail de Laurent Sempéré était reconnu de tous, puisque le club parisien possédait les meilleurs résultats en touche (87% de ballons récupérés) et en mêlée (88% de mêlées gagnées). L’idée, désormais, est d’être rapidement opérationnel avec les Bleus pour défier au Vélodrome le XV du Trèfle, qui possède l’un des meilleurs packs du monde. «L’idée n’était pas de tout révolutionner mais de progresser dans les secteurs qu’on avait identifiés, souligne-t-il. La machine est bien huilée. L’idée est d’intégrer un système qui fonctionne. On a un héritage intéressant avec 80 % de victoires, un certain nombre de records, même s’il y a la déception de la Coupe du monde.»
À lire aussiXV de France : «Je ne suis pas la même personne qu’il y a quatre ans», confie le revenant Gabrillagues
D’entrée, Laurent Sempéré a dû composer avec deux absences de taille : celles d’Anthony Jelonch (rupture des ligaments du genou droit) et d’Emmanuel Meafou (genou). «J’ai pu mesurer ces derniers jours l’importance qu’Anthony a dans ce groupe. J’entends très souvent parler de lui. Au poste d’Emmanuel Meafou, Paul Willemse arrive revanchard. Il a réalisé de très bonnes performances ces dernières semaines. Malgré ces pépins du début de semaine, nous sommes tous parvenus à nous projeter rapidement sur l’Irlande.» Qui a un statut de tenante du titre à défendre (Grand Chelem à la clé) et l’envie de se racheter après, elle aussi, une élimination dès les quarts du Mondial face aux All Blacks. Pour un choc au sommet en ouverture de cette édition 2024.