Une position forte. Interrogé le 13 septembre dernier dans le cadre de la «commission d’enquête relative à l’identification des défaillances de fonctionnement» du sport français, Patrick Vieira a refusé de répondre aux questions des députés concernant (notamment) les discriminations, comme le montre le compte rendu de son audition qui a été rendu public. «Je vous le dis avec beaucoup d’humilité et de respect : je me trouve en face de vous malgré moi», a déclaré, en préambule, l’entraîneur du RC Strasbourg Alsace. Avant de préciser : «Je peux comprendre votre démarche et les résultats que vous en attendez, mais, personnellement, je ne souhaite pas faire partie du panel ni faire part de mon expérience dans le foot. Même si ce n’est pas mon rôle de dire si c’est utile ou non, je n’en vois pas l’utilité. Je suis devant vous du fait de ma responsabilité en tant que citoyen, parce que j’ai été convoqué. Quant aux questions que vous m’avez posées, je ne souhaite pas développer ni entrer dans ces sujets, car j’ai du mal à comprendre l’objectif visé et ce à quoi cela va servir.»
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Le champion du Monde 1998 a (entre autres) refusé de répondre à des questions relatives à l’affaire des quotas. «Je ne suis pas la personne idéale à interroger au sujet des quotas. Ce qu’il faut faire, c’est aller voir les personnes qui étaient présentes à la réunion en question : elles vous donneront des informations beaucoup plus concrètes que moi, qui n’y étais pas, a-t-il indiqué. La personne que vous avez devant vous ne peut pas parler des histoires de quotas. J’en sais autant que vous : je sais ce que j’ai lu dans les journaux.» Relancé sur le sujet, un peu plus tard, l’ex-milieu de terrain s’est (légèrement) agacé, estimant que les travaux de la commission d’enquête parlementaire étaient inutiles. «Vous êtes en train de m’auditionner tout en sachant que d’autres commissions ont déjà effectué le même travail, rendu des conclusions mais que rien n’a été fait par la suite. De même, le rapport que vous allez produire sera mis sous la table et tout le monde passera à autre chose. Comment voulez-vous que les choses changent ? C’est impossible, a-t-il regretté. Malgré tout le respect que j’ai pour votre commission d’enquête et pour l’ensemble des députés qui la composent, vos travaux ne servent à rien et je refuse d’y participer. J’aimerais que vous respectiez ma décision.»
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Patrick Vieira a ensuite tenu la même position lorsqu’il a été interrogé sur les faits de racisme, assurant que «porter des t-shirts […] cela reste de la politique» et que c’est pour cette raison qu’il est «contre ce type de commission». «C’est de la politique, c’est – excusez-moi du terme – du bla-bla ; à l’arrivée, il n’y a rien de concret. Et ça fait des années que ça dure», a-t-il notamment déploré, affirmant par ailleurs que «cette commission [était] une commission de plus». Le technicien alsacien, âgé de 47 ans, a toutefois tenu à souligner qu’il voulait (vraiment) que les choses changent : «Je comprends votre déception devant ma décision de ne pas participer aux travaux de votre commission. J’espère que, dans quelques mois ou quelques années, je regretterai mon choix : cela voudra dire que vous aurez fait avancer les choses», a-t-il déclaré, lançant ainsi un défi à la commission d’enquête parlementaire.