Figure de la gauche anarchiste dans les années 1970, avec notamment des titres comme Parachutiste, Fontenay aux roses, La ville a des princes, Maxime Le Forestier a glissé vers de la variété plus grand public avec des titres comme «Né quelque part» et «Sur la route». L’artiste qui fête ses 75 ans le 10 février, a-t-il abandonné ses idéaux de jeunesse ? «Je n’ai pas changé le monde mais je ne pense pas que le monde m’ait beaucoup changé. Je suis toujours un peu utopiste, un peu dingue et sur un nuage», explique-t-il en 1988 dans Bains de minuit, l’émission culte de Thierry Ardisson – disponible sur la chaîne INA ArdiTube.
La carrière de Maxime Le Forestier a été marquée par des très hauts et des très bas. Après le succès fulgurant de son premier album Mon frère, en 1972 – plus d’un million d’exemplaires avec notamment San Francisco -, l’enchaînement dans les années qui suivent est plus difficile. Moins de tubes, moins de télévision, moins de spectateurs. «Au début des années 1980, je me suis aperçu que les salles étaient moins pleines qu’avant. J’ai pris ça de manière philosophique. Je me suis dit : ’je vais arrêter la scène et quand les gens auront de nouveau envie je reviendrai.’ Ça n’a pris que 5 ans. C’était une traversée du désert… avec des oasis», rigole-t-il.
Comment trouver la motivation pour continuer son métier alors que les salles sont à moitié vides ? «Cela file le bourdon. Mais il faut chanter pour ceux qui sont là. On ne peut pas faire payer à ceux qui sont venus le fait que l’autre moitié de la salle ne soit pas venue», lance Maxime Le Forestier qui avoue être, en 1988, «moins antimilitariste» et «un peu moins antinucléaire».
« Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne », dit l’historien. La suite est moins connue : «Mais l’homme qui combat pour la raison, pour la patrie, ne se tient pas si aisément pour vaincu.» En 1987, il enregistre «Né quelque part», immense tube qui remporte une Victoire de la musique. Mais Le Forestier est-il toujours le même ? Ou a-t-il se «compromettre» pour retrouver du succès. On l’a vu se déguiser en Yves Mourousi dans une émission de Patrick Sébastien. «J’espère que le public s’est marré. J’ai toujours dit que j’étais un saltimbanque pas un penseur ou un philosophe, se justifie-t-il. Je n’ai pas honte. Je suis prêt à le refaire et je suis prêt à me déguiser en Mireille Mathieu.» Il n’en aura pas besoin : le succès reviendra pour longtemps : des tubes (la très belle «Passer ma route»), des albums de reprises de Georges Brassens très réussis et des collaborations ingénieuses avec Julien Clerc («Double enfance»). Loin d’être touché par «la rouille»…
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