«Hervé Renard n’a pas été irrespectueux envers le football féminin» en étant intéressé par une pige avec la Côte d’Ivoire pendant la CAN, a déclaré mardi dans un entretien à l’AFP l’attaquante française Delphine Cascarino, de retour chez les Bleues pour la demi-finale de Ligue des nations vendredi contre l’Allemagne.
Question: Vous avez retrouvé lundi Clairefontaine après votre blessure au genou droit en mai (rupture partielle du ligament croisé), quel est votre état d’esprit ?Réponse: «Je me sens très bien et je suis très contente de retrouver les Bleues et le staff. J’avais des contacts réguliers avec tout le staff et les joueuses, notamment quand j’étais en rééducation à Clairefontaine. Hervé Renard m’a écrit très régulièrement pour prendre de mes nouvelles, c’était positif pour moi et cela m’a fait du bien mentalement d’être soutenue par le sélectionneur. J’ai fait quatre entrées avec l’Olympique lyonnais, je me sens très bien physiquement, je reprends du rythme petit à petit.»
Q: Comment s’est passée votre rééducation depuis votre blessure ?R: «Je dirais que s’est passé assez rapidement. Je pense que quand on accepte la situation, tout devient plus facile et cela a été mon cas. J’avais pour objectif de revenir en 8 mois pour les matches et j’ai atteint cet objectif (…) D’ici un mois, un mois et demi je pense que je serai à mon meilleur. J’aimerais bien être au top du top dès maintenant mais aujourd’hui je vais être au top pendant 30-45 minutes.»
Q: Comment avez-vous vécu l’annonce de la blessure à quelques mois du Mondial ?R: «C’était difficile car je n’ai pas su tout de suite que la blessure était grave. Le lendemain, je me réveille et mon genou n’a pas gonflé donc je me dis: tu as pleuré devant tout le monde pour rien car tu n’as rien du tout . Finalement j’avais une rupture partielle des ligaments croisés.
Q: Vous avez donc manqué le Mondial l’été dernier en Australie…R: »Cela a été très frustrant de louper le Mondial, c’est tous les quatre ans… On se prépare depuis des années et sur une action on perd tout, cela arrive, cela fait partie du foot. Il faut accepter la situation car sinon on se met des bâtons dans les roues pour affronter l’opération et la rééducation«.
Q: Les Jeux olympiques à Paris sont un de vos objectifs ?R: »C’est un objectif de participer au Jeux car je n’ai jamais participé aux JO. Et encore plus en France, car cela arrive très rarement dans une carrière d’athlète. C’est sûr que c’est mon gros objectif«.
Q: Avez-vous trouvé le groupe changé depuis votre retour chez les Bleues et l’arrivée d’Hervé Renard il y a un an ?R: »J’ai vu cela de l’extérieur, c’est sûr qu’il y a beaucoup moins de conflits, il n’y en a plus du tout. Tout le monde est tourné vers le même objectif et le groupe vit super bien. Je l’avais remarqué avant de revenir et cela se confirme depuis que je suis arrivée lundi en vivant avec les filles au quotidien«.
Q: Comment avez-vous vécu l’épisode d’Hervé Renard sollicité pour faire une pige avec la Côte d’Ivoire pendant la CAN ?R:» Cela n’a pas été vraiment un sujet, s’il veut aller gagner la CAN avec une équipe il peut y aller tant qu’il est dispo ensuite pour nous. Étant donné que ce n’était pas au même moment, franchement il fait ce qu’il veut. Au contraire, qu’il aille gagner et comme ça, il revient motivé et a envie de revivre cette sensation de victoire avec nous. Cela n’a pas du tout dérangé. S’il est venu dans le foot féminin c’est pour faire avancer le foot féminin. Il n’a pas été irrespectueux envers le foot féminin, bien au contraire.«
Q: Vous êtes en fin de contrat à l’OL en juin, quelles sont vos envies alors que vous êtes à Lyon depuis 2009 ?R: »Je ne pense pas vraiment à cela, j’avais pour objectif de revenir sur le terrain, je n’ai pas réfléchi. Je suis à l’OL pour l’instant jusqu’à la fin de la saison et j’ai aussi les Jeux en tête, j’y penserai plus tard. (…) Je l’ai toujours dit, cela fait longtemps que je suis à l’OL et je n’ai jamais caché au club qu’un jour j’aimerais jouer à l’étranger dans ma carrière.«
Q: Quel regard vous portez sur le développement du foot féminin en France et l’arrivée de Michele Kang à la tête de l’Olympique lyonnais ?R: »On a pris un peu de retard en France en termes d’infrastructures. Mais en termes de niveau, on a deux clubs français en quart de finale de Ligue des champions, cela montre que même s’il y a beaucoup d’efforts à faire, le niveau reste encore très bon (…). L’arrivée de Michel Kang est positive, elle a investi dans le foot féminin et veut faire avancer la cause des femmes. Elle est pleine d’idées et d’envies, cela nous fait du bien d’être soutenues par quelqu’un d’engagé et sincère comme elle ou Jean-Michel Aulas.”
Propos recueillis mardi à Clairefontaine par Alice LEFEBVRE.