Les opérateurs avaient annoncé la couleur. La potion n’en est pas moins amère pour les clients. Déjà notable dans les forfaits mobiles, l’inflation du prix de l’accès internet s’étend au fixe. C’est en tout cas la conclusion de l’étude trimestrielle de l’Arcep, qui notait dans sa dernière publication réalisée jeudi soir l’augmentation de 2 % en moyenne du prix des accès au haut et très haut débit. Du jamais vu depuis au moins plus de dix ans, estime l’Arcep. « La facture moyenne des utilisateurs de ces services augmente ainsi de 1,20 euro en un an pour s’élever à 34,50 euros HT par mois, en raison des hausses tarifaires survenues sur le marché », souligne ainsi le régulateur des télécoms.

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Une analyse qui fait écho à l’étude sortie au début du mois par le panéliste Zone ADSL

Ces chiffres doivent toutefois être remis en perspective. Jusqu’ici, les prix des forfaits fixes (comme mobiles, d’ailleurs) avaient été protégés de l’inflation. Au rythme constaté par Zone ADSL

Mais la hausse des coûts auxquels font eux-mêmes face les opérateurs, notamment sur l’énergie et les équipements, les a conduits, à l’exception de Free, à assumer des hausses de prix. Sa maison mère de Free, Iliad, indiquait d’ailleurs lors de ses derniers résultats trimestriels que la facture d’énergie s’affichait pour l’entreprise à des niveaux deux fois supérieurs à la situation d’avant-crise, malgré la détente sur les marchés.

Forcément, les revenus qu’ils tirent des services fixes augmentent sur le trimestre par rapport à l’an passé, de 2 %. Il est néanmoins difficile pour ces opérateurs de pousser le curseur trop haut. Une étude réalisée par Oliver Wyman dans une poignée de pays européens révèle que plus d’un Français sur deux souhaite changer d’opérateur et que 30 % d’entre eux ont l’intention de se tourner vers les fournisseurs low cost. Le prix reste le principal moteur du choix des clients, bien devant la fiabilité du réseau ou les services additionnels (la banque, par exemple) que peuvent proposer les opérateurs.

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Par ailleurs, les opérateurs doivent prendre garde à ne pas enrayer la dynamique de recrutement sur la fibre, dont les forfaits sont plus chers que l’équivalent ADSL. Si la croissance du nombre d’abonnements à la fibre est restée élevée, à 790 000 abonnés entre le premier trimestre 2023 et le deuxième, la croissance ralentit assez nettement par rapport à 2022, alors que la France dispose d’une assiette de 16,2 millions de locaux non abonnés à la fibre optique pourtant raccordables. Le sujet est pris au sérieux du côté du régulateur des télécoms dans le cadre de la fermeture du réseau ADSL, attendue pour 2030.