À Nîmes (Gard)
Deux sachets de M
À bas bruit, Lidl avance progressivement dans l’installation de stations de recharges électriques à l’entrée de ses magasins. Le distributeur vient d’ouvrir à Nîmes (Gard) sa sixième e-station en moins d’un an, après un premier essai à Villefranche-sur-Saône (Rhône) en novembre dernier. Un nouveau métier pour l’enseigne jusqu’ici absente dans la distribution de carburant – seuls quelques supermarchés repris à d’autres enseignes ont conservé ce service que le groupe allemand ne gère pas en direct.
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Comme l’ensemble de la grande distribution, Lidl est contraint par la législation d’installer des bornes de recharge électrique. D’un côté, la loi d’orientation des mobilités (Lom) impose que 5 % des places de parking ouvert au public (à partir de 10 places) proposent une connexion ; et de l’autre, la loi Alur incite à déployer des solutions de recharge puisque les places qui leur sont dédiées permettent aux distributeurs d’agrandir leur nombre de stationnements autorisés. Ainsi, Lidl dispose d’ores et déjà d’environ 3600 points de charge disséminés dans ces 805 supermarchés, environ 4 % du parc de recharge public dans l’Hexagone. Gratuite de 2016 à 2021, la recharge est désormais facturée sur des bornes de 22 kW, à charge lente. D’ici 2025, pour se mettre en conformité avec la loi, l’enseigne devra disposer de 9000 à 10.000 points de charge.
Lidl réfléchit à faire de cette contrainte une opportunité, en développant de véritables e-stations. « Nous reprenons les codes de la station-service. Bien qu’il y ait trois puissances installées – 22 kW, 90 kW, et 180 kW -, il n’y a à ce jour que deux tarifs: 25 et 40 centimes le kWh (le tarif chez les particuliers est de 0,2 276 euro/kWh, NDLR). Les véhicules hybrides ne peuvent se charger que sur les bornes de 22kW, c’est pourquoi, elles ne sont pas positionnées au même endroit», explique Claude-Henri de Gail, responsable de projet e-mobilité au sein de l’enseigne allemande. Lidl se lance toutefois pas à pas. «À ce stade, les e-stations sont des projets expérimentaux. Nous allons les laisser vivre un peu pour voir si elles plaisent et si l’investissement vaut le coup d’être pérennisé», précise le dirigeant.
Si le coût d’investissement n’est pas négligeable, le potentiel de recettes est là. Les e-stations permettent aux clients de faire le plein en trente minutes… soit le temps de faire leurs courses. Mais, différence notable par rapport à la stratégie carburant des autres enseignes de distribution qui ne gagnent généralement qu’un ou deux centimes par litre, Lidl ne compte pas faire de ses e-stations seulement un produit d’appel destiné à satisfaire la clientèle existante ou en attirer une nouvelle. «Nous recherchons la rentabilité et souhaitons une offre plus premium. Par ailleurs, nous avons complètement internalisé la conception de nos stations et développé une expertise interne. C’est pour nous un nouveau métier qu’on ne souhaite pas déléguer à un intermédiaire», détaille Matthieu Fréchon, le directeur technique national de Lidl.
À ce jour, l’enseigne constate une occupation «entre 50 % et 300 % supérieures des e-stations par rapport aux points de charge équipant classiquement les autres supermarchés.»