«Il ne faut pas tomber dans le piège inverse de se croire arrivées. On va bien bosser, on sait que la République Tchèque nous a battus il n’y a pas longtemps, donc on est prévenu du danger.» À peine la magnifique victoire décrochée de haute lutte dimanche soir face à la Norvège (24-23) validée qu’Estelle Nze Minko, en bonne capitaine, dressait le panorama de l’équipe de France en vue des quarts de finale. À savoir une confrontation avec les Tchèques, que personne n’imaginait, avant le début de ce Championnat du monde, s’inviter dans le Top 8 mondial, elles qui n’étaient même pas parvenues à se qualifier pour l’Euro de l’an passé. Mais dans le sport, le refrain est bien connu : les années se suivent et ne se ressemblent pas nécessairement.
Néanmoins, même s’il convient d’éviter tout péché de suffisance, le constat est clair : en triomphant des Norvégiennes et en s’adjugeant du même coup la première place de leur groupe, les Bleues se sont octroyé un quart de finale sur-mesure en évitant de croiser la route des Pays-Bas, a priori bien plus redoutables que ces joueuses tchèques certes brillantes face à l’Espagne (30-22), mais qui n’avaient pas existé justement face aux Néerlandaises (33-20) et qui ont subi la loi des Brésiliennes dimanche (27-30), ce qui aurait pu les éliminer sans le succès des Bataves face à l’Espagne (29-21). Deux défaites qui symbolisent bien les limites d’une formation intéressante et séduisante en attaque, à l’image de sa star Marketa Jerabkova, qui tourne sur ce Mondial à 7,7 buts par match sur son poste d’arrière gauche. Ce qui en fait tout simplement la meilleure buteuse de la compétition. Un côté gauche d’autant plus performant que Charlotte Cholevova pointe au 5e rang avec 35 réalisations – elle qui se montre pourtant très discrète avec Brest depuis le début de la saison -, de même que l’ailière parisienne Veronika Mala (35 buts également).
Un trio particulièrement redoutable, mais qui est l’arbre cachant la forêt d’un jeu particulièrement déséquilibré, avec une base arrière où le côté droit peine à exister. Du coup, le danger, clairement identifié pour les Bleues, devrait être au cœur des préoccupations d’Olivier Krumbholz, et la défense mise en place aura pour but d’étouffer ces velléités «gauchistes» de la part des Tchèques. Et si Pauletta Foppa et consorts mettent la même implication et le même impact défensif que celui aperçu face aux Norvégiennes, nul doute que Jerabkova et ses petites camarades auront la vie (très) dure. D’autant que physiquement, contrairement à des Françaises qui ont le luxe de pouvoir tourner à 14 joueuses de champ parfaitement opérationnelles dans le concert international, les Tchèques ont dû tirer sur certaines cordes qui pourraient commencer à être particulièrement élimées au moment d’aborder ce quart de finale.
À moins, évidemment, que la perspective d’avoir déjà réussi leur compétition, et donc d’évoluer l’esprit totalement libéré, ne sublime une formation tchèque dont la défense ne semble cependant pas le point fort. Notamment au poste de gardienne où Petra Kudlackova alterne le brillant et le très médiocre. En termes d’expérience, également, la balance penchera fortement en faveur de la France, championne olympique en titre et vice-championne du monde. Et pour être certain que les Bleues ne se croient pas en demies trop tôt, comme le rappelait en préambule Estelle Nze Minko, elles auront également à l’esprit la défaite subie des mains tchèques il y a un an et demi à Plzen (31-30) lors des éliminatoires pour l’Euro. Une rencontre alors sans enjeu pour la France, mais qui pourra à coup sûr lui faire office de piqûre de rappel avant ce quart de finale. Après avoir dominé la Norvège chez elle et enchaîné six victoires, il serait trop frustrant de voir ce superbe parcours se briser brutalement. D’autant plus à sept mois des Jeux olympiques à Paris. Ce que le sélectionneur Olivier Krumbholz a rappelé à sa manière : «On voulait finir premiers, forcément, mais on a énormément de respect pour la République tchèque. On a la confirmation de notre potentiel et on peut même dire qu’on prend date, pour les quarts peut-être, pour les demies aussi, mais surtout pour plus tard.»