On efface tout et on recommence ? Convaincante face à la Macédoine du Nord (39-29) puis très décevante face à la Suisse (26-26), l’équipe de France ne sait guère sur quel pied danser avant de se mesurer à l’Allemagne, ce mardi (20h30), pour ce qui sera le choc du Groupe A. Une situation que résumait à la perfection Ludovic Fabregas dans les colonnes de L’Equipe : «Savoir si ce match nul est positif ou négatif, on le verra dans ce qu’on pourra produire contre l’Allemagne. Ca peut être une piqûre de rappel. Si ça peut nous lancer encore mieux dans cet Euro, tant mieux. Si c’est le début de quelque chose qui grince un peu, ça serait dommageable.»
Grâce à leur net succès inaugural face aux Macédoniens, les Bleus paraissent assurés – même en cas de revers face à la Mannschaft – de disputer le tour principal malgré leur faux pas helvétique. À moins d’une défaite dantesque face à la Mannschaft, et d’une victoire aussi très nette de la bande à Andy Schmid face à la Macédoine. D’ailleurs, la qualification pourrait être acquise avant même de pénétrer sur le parquet si d’aventure en fin d’après-midi les Suisses s’étaient pris les pieds dans le tapis macédonien…
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Mais au-delà de la poursuite de l’aventure dans cet Euro, ce duel face aux éternels rivaux allemands revêt de nombreux enjeux. Le premier est purement mathématique, et dépendra du côté où la pièce tombera à l’issue de la rencontre. Côté pile, la France gagne, elle finit première du groupe et aborde le tour suivant avec déjà deux points au compteur, ce qui ne sera pas de trop avant de retrouver des équipes du calibre de la Croatie, de l’Espagne, voire de la Hongrie. Côté face, les Bleus perdent, ils finissent derrière les Allemands et ils débutent le tour suivant avec aucun point dans leur besace, et des ambitions en berne. Ou dit autrement, dans le premier cas, le nul contre la Suisse n’aurait finalement aucune conséquence. Sur le plan comptable, s’entend.
Le second enjeu est plus psychologique. Et il jouera des deux côtés. En effet, déjà qualifiés, les Allemands n’aborderont pas ce troisième match en tongs et sans résine sur les doigts. Au contraire. Eux aussi veulent aborder le tour suivant avec deux points, et plonger la France, un rival direct, dans la crise. Sans parler de leur bonne dynamique à entretenir après leurs nettes victoires sur la Suisse (27-14) et la Macédoine (34-25), devant le public berlinois qui répondra encore présent en nombre (plus de 13.500 spectateurs). Pour les coéquipiers de Nikola Karabatic, il s’agira, a contrario, de chasser les interrogations et autres nuages noirs apparus dans leur ciel bleu jusqu’à présent. Si tout n’avait pas été parfait face aux Macédoniens lors de leur première sortie, les Bleus avaient néanmoins réalisé une seconde période de belle tenue, offrant même du temps de jeu à l’ensemble de l’effectif. D’où la difficulté de déterminer précisément pourquoi le TGV français a déraillé face aux Suisses…
Plusieurs pistes, cependant, existent pour le sélectionneur Guillaume Gille. «Le jeu à sept contre six a permis à nos adversaires de jouer très longtemps et aussi de nous sortir de notre rythme», analyse-t-il ainsi. «La relation entre leurs pivots et Andy Schmid a été compliquée à gérer et ils ont trouvé beaucoup de solutions là-dessus. Cela a cassé le rythme, ça nous a empêchés de monter les ballons et je pense qu’il nous manque quelques buts dans la projection, dans le but sur grand espace.» «On a été en dessous de nos standards en marquant aussi peu», observe, en osmose avec son coach, le pivot Ludovic Fabregas. «Cela (marquer moins de 30 buts dans un match) ne nous était pas arrivé depuis bien longtemps.»
Un manque de réalisme symbolisé par un certain nombre de défaillances individuelles, en particulier sur une base arrière en difficulté à neuf mètres. Avec seulement 6 minutes de temps de jeu contre la Suisse, Nikola Karabatic a été d’une rare discrétion, après déjà une prestation guère aboutie face aux Macédoniens. Timothey N’Guessan a raté un tir très ouvert, Elohim Prandi et Melvyn Richardson alternent l’intéressant et le médiocre, Nedim Remili manque de régularité… Ce qui laisse Dika Mem un peu trop seul à devoir assumer aux tirs. Ajoutez à cela ces difficultés récurrentes face aux équipes faisant sortir leur gardien pour évoluer à sept en attaque et vous aurez les deux principaux axes actuels de travail pour les Bleus, qui n’ont d’autre choix que de relever la tête face aux Allemands pour ne pas hypothéquer leurs ambitions de remporter le titre européen six mois avant les JO à Paris.