« Je n’ai rien pu faire, une fille m’est rentrée dedans comme une bombe! Heureusement plus de peur que de mal, j’ai juste quelques brûlures! », a, dans Le Matin, raconté la Suissesse Élise Chabbey (10e du classement général dominé par la Néerlandaise Marianne Vos) à l’issue de la 5e étape (Bar-le-Duc-Saint-Dié-des-Vosges) du Tour de France femmes.
Le Tour féminin enchaîne les étapes, les émotions et les chutes. Pas un jour en effet depuis le grand départ à Paris sans chutes. Victime d’une lourde chute lors de la 1ere étape, la Belge Alana Castrique avait vu son rêve foudroyé et n’avait pu reprendre la route. Dans la 2e étape, à 25 km de l’arrivée, l’Italienne Marta Cavalli a été violemment percutée par une coureuse lancée à vive allure. Dans la 5e étape, une chute collective impressionnante a jeté une cinquantaine de coureuses à terre à moins de 50 km de l’arrivée. La Danoise Emma Norsgaard, touchée à une épaule, étant contrainte à l’abandon. Les images impressionnantes se succèdent à vive allure.
Tombée, jeudi lors de la 5e étape, Anaïs Morichon (Arkéa) a raconté à RMC : « J’ai eu un peu peur, mais je n’ai rien de cassé. C’est le haut niveau, tout le monde veut faire quelque chose sur ce Tour. C’est très nerveux et je pense que ça va être comme ça jusqu’à la fin. » Gaël Le Bellec, directeur sportif de Cofidis, précisant à RMC : « C’est très nerveux, les filles sont de plus en plus fortes et roulent de plus en plus vite. Ça frotte, il y a des enjeux importants et il y a peut-être un petit manque de lucidité après cinq jours de course. Toutes les filles n’ont pas l’habitude de faire des courses de ce niveau. »
La nervosité (celle qui accompagne le Tour de France lors des premiers jours de course, la Grande Boucle 2021 avait été marquée par de multiples chutes) colle depuis le départ à une course attendue par le peloton féminin en rêvait depuis de longues années. Les enjeux pour les équipes, en termes de résultats et d’images sont importants et s’inscrivent comme un autre élément contribuant à cette nervosité de tous les instants qui précipite les mouvements, impose le placement en tête de peloton. Les 24 équipes sont prêtes à jouer des coudes pour arracher un peu de lumière durant les 8 jours que compte l’épreuve. La disparité de niveau entre les coureuses et les équipes peut enfin être un dernier élément pouvant expliquer cette cascade de chutes. « Le cyclisme féminin progresse vite, peut-être un peu trop vite. La différence entre les équipes du top et les autres équipes est un peu trop grande, dans tous les domaines. Un autre problème, ce sont les indications qui ne sont pas claires. Beaucoup de rétrécissements de route sont uniquement indiqués avec un peu de peinture fluo rouge. En même temps, il ne faut pas en faire une trop grosse affaire. Chez les hommes aussi on a vu beaucoup de chutes durant la première semaine, ça fait partie de ce sport », a résumé à l’agence Belga Jlien D’Hoore, directrice sportive d’AG Insurance-NXTG Team.
Le cyclisme féminin veut s’exposer, grandir, montrer qu’il a toute sa place dans tout le calendrier des classiques (les femmes ont disputé la 2e édition de Paris-Roubaix au printemps) aux grands Tours (le Giro féminin s’est terminé le 10 juillet). Alors les places sont chères. Le moindre relâchement, le moindre rétrécissement peuvent semer la zizanie, venir déchirer la belle harmonie et transformer le peloton en mikado jeté au beau milieu de la route.
Après leur jour le plus long, les coureuses du Tour affronteront de nouveaux pièges, ce vendredi entre Saint-Dié-des-Vosges et Rosheim (129 km) lors d’une étape accidentée. Au menu : trois cols de quatrième catégorie et un de troisième catégorie. Alléchant, copieux, intense. Périlleux pour un peloton ambitieux, éprouvé par ces chutes à répétition qui viennent ternir le spectacle.