Nicolas Sarkozy assume. Le nucléaire, il y a toujours été favorable. La filière, il l’a toujours soutenue. L’investissement, il l’a toujours défendu. « Le nucléaire n’est ni de droite ni de gauche, il est l’intérêt supérieur de la France », appuie l’ancien président. Entendu par la commission d’enquête parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France, l’ancien chef de l’État répond aux questions de tous les élus, sauf ceux de la France insoumise qui «boycottent » le rendez-vous, indique Raphaël Schellenberger, député LR du Haut-Rhin, à la tête de la commission.
À tous, et pendant près de trois heures, Nicolas Sarkozy rappelle avoir « pris des décisions en faveur du nucléaire, quel que soit le prix (politique) à payer». «Aujourd’hui, c’est facile d’être pour le nucléaire, j’en vois qui font des doubles et triples saltos arrière (…). Le nucléaire a fait l’objet d’une campagne de dénigrement digne des chasses aux sorcières du Moyen Âge. Il y avait une hystérie qui ne reposait sur rien», déplore-t-il d’emblée. Si Nicolas Sarkozy «ne remet pas en cause» Emmanuel Macron dans la situation actuelle de la France avec le risque de coupures qui a pesé tout l’hiver – «je n’ai pas les éléments qui me permettent de dire que c’était possible d’arrêter la fermeture (de Fessenheim)», le défend Nicolas Sarkozy — , l’ancien président s’en prend à son successeur et dénonce les choix politiques de François Hollande. Hasard du calendrier, l’ancien président socialiste est entendu par la même commission quelques heures après Nicolas Sarkozy.
« Le projet de Penly (Réacteur de 3ème génération en Seine-Maritime, NDLR) a été arrêté par François Hollande. Pourquoi ? Personne n’en sait rien. On a perdu douze ans. Ce n’est pas un problème de moteurs, d’ingénieurs. J’avais pris la décision, le site était choisi, tout était possible. Pourquoi il faut revenir dessus ? », interroge Nicolas Sarkozy. Et de juger que la décision a été prise « sans aucune raison valable ». «Vouloir détruire la filière nucléaire française c’est trahir l’intérêt français », poursuit Nicolas Sarkozy.
S’il prend soin de préciser François Mitterrand n’était jamais revenu sur le choix du nucléaire en France, il dénonce le choix de François Hollande. « Il y a ceux qui ont voulu détruire la filière et ceux qui l’ont promu (…) Ce n’est pas la même chose », glisse-t-il. « Le revirement du corpus idéologique des socialistes c’est le moment où ils se sont dit que pour gagner il fallait une alliance avec les écologistes. Mais c’est vraiment de l’opportunisme ! », détaille Nicolas Sarkozy en revenant sur l’accord signé entre le PS et EELV juste avant la présidentielle de 2012. Ce texte prévoyait – notamment la fermeture de 24 sur 58 réacteurs pour réduire de 74 à 50% la part du nucléaire. « On voulait tuer la filière ! » « Mais si le nucléaire est dangereux, ferme tout ! », explique-t-il comme s’il parlait à François Hollande qui a pris il y a dix ans la décision de fermer Fessenheim. « Pourquoi ? Il ne fallait sauver que les Alsaciens ?». Et Nicolas Sarkozy d’insister sur le «contresens historique terrible» de ses « contradicteurs de l’époque».
Devant les élus, Nicolas Sarkozy reprend les mots de François Hollande en 2011 : « En défendant le nucléaire, Nicolas Sarkozy montre qu’il est un homme du passé car il défend un modèle économique dépassé ». Nicolas Sarkozy reprend : « En l’occurrence, les faits ont parlé, je ne suis pas sûr que le nucléaire ne soit pas plus dépassé que d’autres ». Pour Nicolas Sarkozy, «opposer énergie renouvelable et nucléaire n’a aucun sens. Ceux qui disent que le renouvelable est une substitution mentent ! Ce n’est pas possible. C’est un complément» d’autres énergies. D’où l’importance du nucléaire, a fortiori alors que la consommation mondiale ne cesse de croître.
« Le nucléaire, est un sujet de président de la République, un sujet d’indépendance majeure », énonce Nicolas Sarkozy, pour indiquer que le politique ne peut se défausser de ses choix. Après la catastrophe de Fukushima et l’émoi provoqué dans l’opinion publique mondiale, Nicolas Sarkozy avait décidé de ne fermer aucune centrale en France. « Le chef d’État doit garder son sang-froid», juge-t-il, « on a menti à l’opinion publique en disant que Fukushima était un accident nucléaire. C’est faux, c’est une catastrophe. Tchernobyl était un accident nucléaire ».
Si Angela Merkel en Allemagne avait décidé de fermer ses réacteurs, Nicolas Sarkozy, qui avait déjà regretté son choix à l’époque, dénonce une décision d’un « cynisme fort ». L’Allemagne ayant dans le même temps rouvert ses centrales à charbon, très polluantes. « La grandeur d’un politique c’est justement d’être contre l’opinion publique à un moment », appuie Nicolas Sarkozy. « Toute ma vie, j’ai pensé que la filière nucléaire était une chance pour le pays », ajoute Nicolas Sarkozy. Et de conclure : «on ne peut pas dire que je n’ai pas mis en garde».