C’est une ambition affichée par Anne Hidalgo et son équipe depuis les municipales de 2020 : transformer le périphérique parisien, «autoroute la plus fréquentée d’Europe», en boulevard urbain apaisé. Après l’abaissement de la vitesse à 70 km/h décidé par Manuel Valls en 2014, l’instauration d’une voie réservée au covoiturage ainsi que l’abaissement de la vitesse à 50 km/h pourraient être les prochains changements majeurs mis en place sur cet axe circulaire de 35 kilomètres. «Ces annonces n’ont rien d’inédit, elles ont été maintes fois discutées et sont en parfaite cohérence avec le plan climat de la Ville de Paris», a lancé ce jeudi Emmanuel Grégoire. Le premier adjoint à la mairie de Paris concède tout de même que «les semaines et les mois qui viennent» allaient servir «à approfondir le travail de dialogue» pour permettre à ce projet de devenir réalité. Mais quel est-il ? À quelle échéance pourra-t-il voir le jour ?

Partant du «constat très simple» qu’il y a «encore beaucoup trop de voitures sur le périphérique», les élus parisiens ont décidé d’agir et surtout de profiter de l’occasion rêvée que leur offre l’organisation des JO de Paris 2024 pour pérenniser la fameuse «voie olympique». Celle qui réservera le temps des Jeux Olympiques et Paralympiques une voie du périphérique aux seules personnes accréditées. Concrètement, il s’agira donc – une fois les JO terminés – de conserver les installations mises en place sur le périphérique pour définitivement entériner cette voie dédiée. Comme véritable «héritage» des JO. Même s’il leur faut l’accord de la préfecture de police de Paris, et donc de l’État, sur la question, ils ambitionnent d’arriver à leurs fins dès le mois de septembre, «quelques semaines après les JO».

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Concrètement, la voie de gauche du périphérique serait alors réservée au covoiturage excepté pour les poids lourds exclus d’office, aux véhicules de transport public, aux taxis occupés ou vides, aux personnes en situation de handicap même seules mais titulaires de la carte CMI-S ainsi qu’aux véhicules des services de secours et des forces de sécurité. Eux pourront emprunter la voie de gauche, lors des «plages horaires d’activation», qui pourront être du lundi au vendredi, de 7h à 10h30 et de 16h à 20h, mais aussi le week-end en cas de besoin. «Les jours et horaires pouvant être amenés à évoluer en fonction des usages», comme le spécifie la municipalité parisienne, qui se laisse libre d’activer ou de désactiver «en temps réel» la voie dédiée «pour prendre en compte l’état de la circulation et réagir en fonction des situations» telles qu’un accident ou des bouchons.

Pour cela, une «signalisation spécifique» sera installée «au niveau des bretelles d’entrée». «Lorsque le losange sera allumé, cela voudra dire que la voie est active», explique David Belliard, l’adjoint à la mairie de Paris chargé des mobilités et de la transformation de l’espace public. Une signalisation qui ne sera pas déployée sur l’ensemble du périphérique, mais seulement sur sa partie nord entre les portes de Sèvres et de Bercy. La partie sud, qui jouxte vers Balard le ministère des Armées, étant une zone placée sous la compétence de l’État. Pour autant, les élus parisiens ne désespèrent pas de pouvoir l’intégrer très rapidement à leur dispositif.

Le bon respect de toutes ces règles sera contrôlé «par vidéoverbalisation» et «analysé par un agent assermenté», précise l’adjoint aux mobilités. Au moins 5 radars, sortes de boîtiers de contrôle «intelligents», seront disséminés tous les 7 km environ sur le périphérique, dont un au niveau de la porte de Montreuil (20e) et un autre vers la porte de Saint-Ouen (17e). Tous capables de compter le nombre de personnes présentes dans chaque véhicule. Les contrevenants s’exposeront au risque de recevoir une amende de 135 euros. D’abord, pendant les JO, pour les personnes qui emprunteraient cette voie sans être officiellement «accréditées» par le Comité d’organisation des JO (Cojo), et après l’événement, pour tous ceux qui ne respecteraient pas les règles édictées par la municipalité parisienne.

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Et c’est bien dans ce cadre que l’abaissement de la vitesse à 50 km/h pourrait être décidé, «pour des raisons de sécurité», nous assurent les élus. «C’est une recommandation du Cerema (centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement), un organisme indépendant, qui nous demande de diminuer la vitesse pour faire fonctionner cette voie», poursuit David Belliard. Cet abaissement de la vitesse permettrait ainsi, selon les objectifs du plan climat de la Ville, «de limiter le bruit pour les 500.000 riverains», habitants le long du périphérique, et «de réduire la pollution atmosphérique». Mais est-ce seulement possible de prendre une telle décision ? «Notre analyse, c’est que la municipalité a la main sur la question de la vitesse», rétorque Emmanuel Grégoire. Pour autant, l’élu socialiste – qui évoque «une opportunité historique et donc immanquable» de profiter des JO pour aller au bout de ce projet – concède «ne pas pouvoir avancer seul», sans l’aide de l’État sur tous ces points. Reste à savoir si le préfet de police de Paris fera le choix de valider ce projet qui concerne les Parisiens, mais pas que.

Entre un et 1,5 million de trajets sont en effet réalisés sur le périphérique, souvent par des personnes qui ne font que contourner la capitale. Se disant bien conscients de cela, les élus de la majorité parisienne entendent justement poursuivre les discussions avec les communes limitrophes et travailler conjointement à plus grande échelle «avec la métropole du Grand Paris, les départements, la région Île-de-France et Île-de-France Mobilités (IDFM)» ainsi qu’avec l’ensemble des «acteurs du covoiturage» dans l’objectif d’inciter et développer des lignes de covoiturage. Souhaitant servir de modèle en ce sens, David Belliard a annoncé ce jeudi qu’«une plateforme» dédiée au covoiturage «à destination des 55.000 agents de la Ville de Paris» serait bientôt mise en ligne «pour favoriser la pratique».