«Cela fait 4 ans que tous nos chantiers ont été programmés pour être prêts pour les Jeux olympiques», lance Séverine Lepère, la directrice générale Île-de-France de SNCF Réseau, se félicitant qu’à 120 jours de la cérémonie d’ouverture «les engagements de livraison soient parfaitement tenus». Pas moins d’un millier de chantiers sont réalisés chaque nuit «partout sur le réseau» dont elle a la charge, souligne-t-elle, citant le remplacement de voies sur le RER D, la fiabilisation d’un centre d’alimentation électrique à Bercy ou encore le renouvellement de 43 aiguillages aux abords de la Gare du Nord. «Le plus grand jamais réalisé en Europe», selon SNCF Réseau. Autant de petits, de moyens et de très gros chantiers qui mobilisent l’ensemble des équipes du groupe, sur le pont pour contribuer à faire de ces Jeux «les tout premiers 100% accessibles en transports en commun».

Et pour y parvenir, SNCF Réseau n’a pas lésiné sur les moyens. D’abord en réalisant des chantiers contraints en termes de calendrier, puisque tout doit être fini avant l’été, mais aussi en termes d’espace, dans la mesure où les travaux entrepris, parfois uniquement de nuit ou le week-end, ne doivent pas empêcher le bon fonctionnement des transports en commun du quotidien le jour. Au total, pas moins de 800 millions d’euros par an ont été investis sur le réseau francilien – jusqu’à 840 millions d’euros en 2023 – pour «la régénération» des infrastructures, jugée «indispensable pour maintenir un haut niveau de performance». Un niveau d’investissement «qui a doublé entre 2015 et 2018, et qui est resté élevé depuis», tient à souligner SNCF Réseau, selon qui cela vient «rattraper 30 ans de sous-investissement généré par une politique du tout-TGV».

Le tout, avec l’objectif de «diviser par deux le temps d’intervention» sur les incidents. «Là où nous avons réalisé des opérations de régénération massive, le niveau de fiabilité du réseau s’est amélioré», se targue d’ailleurs SNCF Réseau. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur la ligne H, entre 2020 et 2023, le nombre d’incidents liés à la voie a diminué de 35%, sur le RER B Nord, depuis 2021, le nombre d’incidents a été divisé par trois.

Mais si les investissements paraissent à la hauteur de l’événement, ils ne pourront sans doute pas suffire à empêcher les pannes et autres aléas que connaît le réseau tout au long de l’année. Des incidents – les plus graves d’entre eux – qui seront repérés et pris en charge par la salle de crise de la Gare du Nord, ouverte de 7 heures à minuit pendant tout l’événement et «toute la nuit en cas d’incident grave», assure-t-on. Là, sont prises les décisions les plus importantes concernant la circulation des trains sur tout le réseau Paris Nord, avec la capacité de les stopper, voire de les détourner ou par exemple «de couper la circulation en sous-sol» de la Gare du Nord et décider de les «faire arriver en surface». «Depuis cette salle, on va pouvoir dialoguer avec tous les postes d’aiguillage et les équipes d’intervention prépositionnées sur le terrain et prendre des décisions si jamais il y a un pépin», explique Séverine Lepère.

Sachant que «trois dispositifs majeurs» ont ainsi été prévus, énumérés par la directrice générale : la mise en place de centres de commandement opérationnels pendant toute la période des JO, le déploiement d’équipes opérationnelles prépositionnées un peu partout sur le terrain et équipées du matériel et outillage nécessaires pour intervenir immédiatement et l’organisation d’exercices d’entraînement grandeur nature. Au total, 70 opérations de ce type seront organisées d’ici le mois de juin, dont un exercice d’évacuation du RER B dans le tunnel de Paris Nord en partenariat avec la RATP ou encore une simulation d’incendie dans le RER C impliquant la RATP, la préfecture de police de Paris, la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris et le Samu, entre autres. Un vrai «entraînement d’athlètes», ironise la patronne des lieux, qui assure que ses agents se préparent «à vivre au rythme des différentes manifestations sportives».

À lire aussiTransports : avec la nouvelle signalétique «spéciale JO 2024», les gares franciliennes bientôt parées de rose

En outre, SNCF Réseau n’a pas hésité à s’aider de l’intelligence artificielle, misant sur la «maintenance prédictive» pour prévenir les pannes, avant que celles-ci ne surgissent et éviter ainsi un certain nombre de ralentissements voire d’incidents plus graves. Concrètement, il s’agit de télésurveiller l’infrastructure grâce à des capteurs qui envoient des signaux au centre de supervision, explique le groupe, qui souligne que ce dispositif permet ainsi «d’intervenir avant que l’incident ne se produise» mais aussi «de réduire considérablement les temps d’intervention et de diagnostic». Dans le centre de supervision du réseau, physiquement installé à la Gare du Nord mais chargé de surveiller la bonne circulation des trains sur une zone géographique étendue sur 5 régions, des agents sont chargés de cette surveillance 24h/24, 7 jours sur 7. Leur rôle ? «Utiliser l’intelligence artificielle pour détecter les signaux faibles» et ainsi intervenir avant l’arrivée d’une potentielle panne, et «déclencher» les équipes de maintenance présentes sur le terrain «en cas d’alarme».

Et les résultats de ce système déployé depuis 2014 mais parfaitement opérationnel depuis un an sont déjà là. En 2023, il aurait permis d’éviter 36 incidents sur le réseau francilien, selon Olivier Dubrulle, le chef du département “assets” ferroviaires et responsable du système en Île-de-France. Et tout s’accélère en vue des JO : «On est passé de 3200 points de mesure en 2022 à plus de 5000 aujourd’hui et on continue d’en déployer d’ici aux Jeux pour en avoir 5500», espère-t-il, évoquant «une vraie montée en puissance ces 18 derniers mois». Avec l’ambition de focaliser les efforts sur les lignes qui seront le plus empruntées pendant les JO, et «déjà aujourd’hui, les usagers profitent des avancées qu’on a réalisées à cette occasion», ajoute Nicolas Ignate, le responsable du centre de supervision du réseau. Avant de promettre : «Mais ce n’est pas la fin de l’histoire, on va maintenir ce rythme au-delà des JO». C’est bien tout l’intérêt de cet événement mondial : offrir ces nouvelles technologies aux usagers «en héritage» pour que ces derniers puissent bénéficier de transports en commun de qualité au quotidien.