La consommation d’électricité repart en hausse. La demande devrait croître de 3,4% par an d’ici à 2026, tirée par la Chine, l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Mais, bonne nouvelle, ces besoins supplémentaires seront couverts par un surplus d’énergies à faibles émissions de gaz à effets de serre, soit les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique …) et le nucléaire. Elles devraient représenter près de la moitié de la production mondiale d’électricité d’ici 2026, contre un peu moins de 40 % en 2023, prévoit l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Début 2025, les renouvelables pèseront plus d’un tiers de la production mondiale d’électricité. De son côté, la production d’énergie nucléaire dépassera son dernier record, établi en 2021. Cette performance, à contre-courant de la tendance des dernières décennies, qui a vu notamment l’Allemagne sortir de l’atome, est due à un retour en grâce récent. Certes, certains pays abandonnent progressivement l’énergie nucléaire ou arrêtent prématurément leurs centrales. Mais la production nucléaire devrait augmenter de près de 3 % par an en moyenne au cours des prochaines années, souligne l’AIE, «grâce à l’achèvement des travaux de maintenance en France, au redémarrage de la production dans des centrales japonaises et à la mise en route de nouveaux réacteurs en Chine, en Inde, en Corée du Sud ou en Europe». L’Agence anticipe un doublement du nucléaire d’ici à 2050.

Le retour au nucléaire s’est largement matérialisé lors de la conférence sur le changement climatique, la COP28, qui a eu lieu en décembre à Dubaï. Plus de 20 pays y ont signé un engagement commun de tripler la capacité de production d’énergie atomique d’ici à 2050. Une minorité de pays européens veut sortir du nucléaire mais beaucoup de pays émergents et d’économies avancées prévoient au contraire de le développer. L’Asie, principal moteur de la croissance du nucléaire, générera 30% de cette énergie en 2026. Plus de la moitié des réacteurs qui seront mis en route d’ici là se trouvent en Chine et en Inde. Quant au Japon, où le nucléaire retrouve la faveur de l’opinion publique pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, cette énergie est relancée avec l’objectif de représenter 20% du mix énergétique en 2030.

En Europe, Berlin n’entend pas revenir au nucléaire et l’Espagne prévoit d’en sortir en 2027. Mais quatorze pays ont fait alliance, sous l’égide la France, pour augmenter de 50% d’ici à 2050 la capacité nucléaire installée. Les Pays-Bas veulent y revenir, la Suède, la Belgique, la Bulgarie, la Pologne, entendent étendre ou prolonger leurs capacités. Les États-Unis, de leurs côtés, prévoient d’étendre jusqu’à 80 ans la durée de vie de certains réacteurs et d’en construire de nouveaux.

La construction de nouveaux réacteurs génère des risques qui compliquent le financement de cette source d’énergie, alerte cependant l’AIE. La mise en route intervient souvent avec des années de retard et des coûts beaucoup plus élevés que prévu. Un domaine où la France bat des records avec l’EPR de Flamanville, qui devrait démarrer en 2024 au lieu de 2016, et coûter quatre fois plus que prévu, souligne l’agence. À l’inverse, la Chine finalise la construction de réacteurs dans des délais généralement assez courts et à des prix moins élevés que pour les réacteurs construits en Europe ou aux États-Unis. Elle est d’ailleurs, avec la Russie, le leader de la technologie nucléaire civile. Pékin et Moscou fournissent aujourd’hui la technologie pour 70% des réacteurs en construction dans le monde, loin devant l’Inde, la France, la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon.