La colère des agriculteurs va-t-elle déboucher sur une grève générale ? La CGT a appelé ses militants «à créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salariés, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs», dans un communiqué publié ce jeudi 25 janvier.
Alors que les agriculteurs manifestent leur mécontentement, demandant notamment de plus hauts revenus et s’insurgeant contre des normes devenues trop pesantes selon eux, d’autres professions semblent tentées de surfer sur le mouvement. Les pêcheurs se sont joints aux manifestants dans les rues de Rennes ce jeudi. Des transporteurs routiers ont participé à des barrages près de Lyon, au milieu des tracteurs. Des artisans du BTP aussi, se sont joints par endroits aux protestations.
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Rien ne laisse pourtant présager, pour le moment, une convergence des luttes. Les revendications restent intrinsèquement liées aux activités agricoles. «Des conjonctions de lutte avec d’autres professions sont marginales», relevaient d’ailleurs les Renseignements territoriaux dans une note mercredi, révélée par Franceinfo, soulignant que «le corporatisme agricole ne favorise pas la convergence des luttes».
La Fédération nationale des transports routiers, qui représente les entreprises du secteur, assure ne «pas constater de mouvement national» de ralliement de ses salariés à la grogne des agriculteurs. Les patrons seraient même «très inquiets» des blocages sur les routes qui engendrent «retards de livraison et perte d’argent».
La CFDT route, toutefois, a brandi la menace d’un mouvement similaire à celui des agriculteurs «dans les jours ou semaines à venir» mais pour une revendication tout autre : le syndicat exige la nomination d’un ministre des Transports, poste vacant depuis le début du mois de janvier. Dans le Sud-Ouest, comme à Toulouse, des taxis ont également profité du désordre pour manifester leur désaccord contre la nouvelle convention pour le transport médical qu’ils doivent signer d’ici février.
Plusieurs professions liées aux agriculteurs ont aussi exprimé leur soutien aux manifestations, sans pour autant appeler leurs membres à rejoindre le mouvement. L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie-restauration (Umih) a dit «comprendre leur revendication de pouvoir vivre de leur travail». «Sans eux, nous ne pourrions pas servir à nos clients des produits frais et de qualité», a abondé son président Thierry Marx.
La Confédération française de la boucherie, charcuterie, traiteur (CFBCT) s’est également dite «solidaire avec les éleveurs». «Il est urgent de répondre aux demandes des agriculteurs par des mesures immédiates et concrètes.»
Reste un risque, brandi par la note des Renseignements territoriaux : que les syndicats se fassent dépasser par leur base, y compris au sein des agriculteurs déjà mobilisés. Pour l’instant, cela ne se produit que «de façon très limitée» mais «les syndicats risquent d’être débordés si l’attente est trop longue». Le premier ministre Gabriel Attal doit présenter des mesures ce vendredi.