C’en est bientôt fini des trottinettes électriques en libre-service dans les rues de la capitale. Au 1er septembre, il ne restera plus aucun de ces 15.000 engins motorisés, à deux-roues, qu’il était possible de louer à tout moment à la minute. Le dimanche 2 avril dernier, un peu plus de 100.000 Parisiens ont en effet voté à plus de 89% contre la reconduction du contrat qui liait les trois opérateurs de trottinettes – Dott, Lime et Tier – à la municipalité parisienne, à l’occasion d’une votation citoyenne inédite convoquée par la maire de Paris, Anne Hidalgo. «Les Parisiens nous ont donné une feuille de route très claire, et nous allons suivre leur décision comme je m’y étais engagée. Le 1er septembre, il n’y aura plus de trottinettes en libre-service à Paris», avait fait savoir l’édile socialiste, évoquant «une victoire de la démocratie locale».

Malgré l’abstention de quelque 1,3 million d’électeurs inscrits à Paris, l’édile parisienne s’était en effet engagée «à respecter purement et simplement le résultat», et avait de toute façon fait campagne «contre». Après avoir aidé à leur installation en 2018 et considéré comme une ville pionnière en matière de nouvelles mobilités, Paris va finalement devenir la seule capitale européenne à interdire définitivement les trottinettes en free-floating. Un choix assumé par la majorité municipale, qui compte miser sur les Vélib’ ainsi que sur les flottes de vélos électriques en libre-service pour offrir une solution de mobilités douces aux Parisiens et aux touristes demandeurs. Et ce, notamment en vue de la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques dans la région l’an prochain.

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Sans surprise, les trois opérateurs n’ont quant à eux jamais caché leur déception. De concert, dès l’annonce des résultats, ils avaient alors dénoncé les conditions d’organisation de cette toute première «votation» citoyenne. Concernant les modalités du vote, ils avaient même déjà prévenu que celles-ci «ne permettaient une consultation ni sincère, ni égalitaire, ni impartiale». «Ce serait dommage que la décision soit prise par une minorité», s’inquiétait par exemple Hadi Karam, le directeur général de Lime France, quelques jours avant le référendum. Depuis, chaque opérateur a avancé ses pions, organisant la réaffectation progressive de sa flotte dans les villes où il est déjà implanté.

«Après avoir accompagné des milliers de Parisiens et de Franciliens dans leurs trajets du quotidien, nous sommes ravis de pouvoir offrir une seconde vie aux trottinettes», a notamment fait savoir Bastien Cransac, le DG Europe de l’Ouest de Lime, pour qui «la décision de la ville de Paris fait figure d’exception sur le territoire européen». Lui s’est dit «fier de la confiance accordée et renouvelée de la part de plusieurs villes cosmopolites et internationales de premier plan». Parmi celles-ci, l’on trouve Lille, dans le nord de la France, mais aussi des villes étrangères comme Copenhague, la capitale du Danemark ou encore Londres, la capitale de l’Angleterre.

Même processus pour Dott et Tier. Ce dernier opérateur, lancé en Allemagne en 2018, se réjouit par exemple d’être présent dans près de 80 communes en Île-de-France, dont la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines et celle du Grand Paris Seine Ouest. Quant au franco-néerlandais Dott, il prévoit de redispatcher ses trottinettes à Bordeaux, en Belgique et jusqu’à Tel Aviv, en Israël. Tous ont en tout cas à cœur de ne pas sacrifier leurs engins motorisés, dont l’espérance de vie, oscillent aujourd’hui entre 5 à 6 ans et sont souvent entièrement démontables. L’objectif étant de les réparer si besoin et de les remettre sur le circuit dès la rentrée.