Le gouvernement n’entend pas «revenir en arrière» en réautorisant des pesticides qui ont été interdits en France comme le réclament notamment les betteraviers à propos d’un insecticide, a assuré mardi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Dans le cadre de la crise agricole, la Confédération générale des betteraviers (CGB), section spécialisée du syndicat agricole majoritaire FNSEA, demande à pouvoir à nouveau pulvériser de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes – qualifié de «tueur d’abeilles» par les défenseurs de l’environnement et interdit depuis 2016 en France.

Ils font valoir que les Allemands ont encore cet outil à disposition pour protéger des pucerons les plants de betteraves à sucre. C’est pour les betteraviers un exemple de «surtransposition» car Paris a interdit les néonicotinoïdes avant ses voisins. Pour la CGB, la filière s’est trouvée démunie après l’interdiction de l’utilisation de semences enrobées de cette substance en Europe fin 2022, alors le seul usage encore permis par dérogation en France. Le 23 janvier, devant des journalistes, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait expliqué que le syndicat souhaitait «interroger» le principe de non-régression du droit de l’environnement face au «constat que parfois les parlementaires votent des lois qui ne sont pas complètement pertinentes ou qui s’avèrent un peu inadaptées».

«L’idée qu’on puisse de temps en temps faire marche arrière nous interroge», avait-il déclaré, citant justement l’exemple des néonicotinoïdes. «La trajectoire européenne, c’est la suppression à terme de l’ensemble des néonicotinoïdes et apparentés. En 2016, il a été décidé d’interdire les néonicotinoïdes et apparentés, ce qui était une erreur. Bon. On ne va pas faire des marches arrière et des marches avant permanentes», a déclaré mardi le ministre de l’Agriculture, lors de la conférence de presse de présentation du Salon de l’agriculture 2024.

«S’il y avait lieu de changer quelque chose, il faudrait une loi. On est plutôt à travailler, nous, sur les alternatives. (…) Le sujet n’est pas de revenir en arrière sur ces sujets-là. (…) Si vous ouvrez cette boîte-là, j’ai aussi des gens qui me demandent le phosmet, (…) le diméthoate [des insecticides interdits dans l’UE], avec quand même des toxicités qui sont avérées», a-t-il ajouté. «Personne ne va dire que les molécules qui sont jugées comme cancérogènes (…) ne le sont plus du jour au lendemain, donc il faut quand même garder raison sur ces sujets-là», a insisté Marc Fesneau.