L’engouement des Français pour la création d’entreprise, qui s’est traduit par près de 1 million de nouvelles immatriculations de sociétés l’an dernier, est en progression constante depuis 2015. Notamment de la part des chômeurs qui y voient un moyen de créer leur emploi. Pour être accompagnés dans le démarrage de leur aventure entrepreneuriale, les demandeurs d’emploi bénéficient de deux dispositifs: l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise (Arce), ou le maintien partiel de leur allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE).
Le premier outil permet au chômeur indemnisé de disposer d’un capital, calculé en fonction de ses droits restants à l’assurance-chômage (pour un montant moyen total de 9200 euros en 2021) et versé en deux fois, pour démarrer son activité. Le second lui assure chaque mois le maintien partiel de son allocation-chômage, cumulable avec les rémunérations tirées de sa nouvelle activité non salariée (tant que le créateur d’entreprise a des droits en cours à l’assurance-chômage et reste inscrit comme demandeur d’emploi). Ces dernières années, le recours à l’Arce est en perte de vitesse au profit du maintien de l’ARE. Seuls 50.000 allocataires ont ainsi perçu l’Arce l’an dernier, cinq fois moins que ceux ayant opté pour l’ARE…
Deux paramètres éclairent ce phénomène, selon l’institut Toluna qui a réalisé une enquête pour l’Unedic, le régime d’assurance-chômage, sur le sujet. Tout d’abord, le nombre élevé de chômeurs indemnisés ces quinze dernières années, qui a atteint les 2,3 millions l’an dernier. Et ensuite l’essor du statut de microentrepreneur, dont le nombre a presque doublé sur la dernière décennie, en passant de 359.000 en 2010 à plus de 641.000 en 2021 et qui a donc contribué a augmenté la population d’allocataires entrepreneurs.
L’étude indique aussi que près de la moitié des bénéficiaires de l’Arce sont des cadres, tandis que six allocataires entrepreneurs sur dix percevant l’ARE sont des employés ou des ouvriers, dont une bonne part se considère en reconversion, ce qui n’est pas le cas des bénéficiaires de l’Arce.
Les deux catégories partagent toutefois des caractéristiques communes. Elles concentrent ainsi une majorité d’hommes de moins de 40 ans. La plupart des personnes n’ont pas d’expérience de l’entrepreneuriat, mais huit sur dix y ont été sensibilisées, formées ou accompagnées. Pour plus de la moitié d’entre elles, le projet de création ou de reprise d’entreprise a été formé avant l’inscription à Pôle emploi, avec l’objectif de ne pas reprendre d’activité salariée.