«Environnement : l’État nous ment». Ils étaient des dizaines rassemblés ce mardi à Paris pour dénoncer les «incohérences» du gouvernement qui prône la planification écologique, mais n’a pas augmenté au budget 2024 les aides destinées à soutenir la transition dans les exploitations.

«Refuser de mettre des moyens pour aider les paysans qui sont engagés dans des changements de système agricole, c’est un choix que fait l’État de ne pas aller vers la transition agroécologique», a estimé Franck Lebreton, éleveur dans les Côtes-d’Armor et membre du Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) de Bretagne. «Mensonges», «mépris», «des discours, aucune parole» : place des Invalides, ils étaient une soixantaine d’agriculteurs venus de Bretagne, de Nouvelle-Aquitaine ou d’Occitanie à l’appel de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, pour exprimer leur colère et leur incompréhension, a constaté une journaliste de l’AFP. Ils exigent le financement de mesures agro-environnementales et climatiques (Maec), décrites comme «un outil clé pour la mise en œuvre du projet agroécologique pour la France» par le ministère de l’Agriculture sur son site internet. Financées à 80% par l’Union européenne à travers la PAC (Politique agricole commune), ces aides Maec viennent compenser les «surcoûts et manques à gagner» liés à la transition écologique des fermes : favoriser les prairies, développer l’élevage de plein air, planter des haies, utiliser moins ou pas d’engrais et de pesticides…

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Les agriculteurs, notamment en Bretagne, ont été nombreux à engager ces mesures. «Ces aides, c’est de l’argent pour la biodiversité, pour le climat, c’est de l’argent qu’on ne mettra pas pour aller ramasser des algues vertes», a témoigné Julien Tallec, agriculteur en Bretagne. Selon une estimation de Régions de France, l’institution de représentation des régions auprès des pouvoirs publics, «il manque entre 250 et 300 millions d’euros à l’échelle nationale», non budgétés par l’État. La Confédération paysanne déplore le maintien d’une «enveloppe inchangée de 250 millions d’euros par l’État» (dont 80% financés par un fonds de la PAC) alors que la Maec est «un vrai succès». «De nombreux agriculteurs se sont engagés et ont coché la case Maec» en remplissant leurs demandes d’aides PAC en avril dernier: «il manque au moins 100 millions pour 2023», estime Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.

Le syndicat alerte sur la fragilisation de paysans qui ont pris des mesures d’adaptation au climat et dont les dossiers vont être refusés faute d’un budget suffisant. «C’est incompréhensible. Ici, le seul qui ne respecte pas ses engagements, c’est l’État», déplore Julien Tallec.