Vers une nouvelle grève de Noël à la SNCF ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer, mais Sud-Rail, l’un des quatre syndicats représentatifs de la compagnie ferroviaire, laisse planer la menace. Une information révélée par Le Parisien ce mardi, confirmée au Figaro par Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud-Rail. «On a écrit aux trois autres syndicats (CGT Cheminots, Unsa-Ferroviaire, CFDT Cheminots, NDLR) pour leur proposer de se rencontrer la semaine prochaine, et en mettant sur la table un mouvement de grève le plus unitaire possible d’ici la fin de l’année», précise le syndicaliste. Le courrier évoque la construction d’ «une puissante mobilisation, exclusivement sur le sujet des salaires».
Le courrier a été envoyé la semaine dernière, au lendemain d’une table ronde entre les syndicats et la direction de la SNCF mercredi 8 novembre, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). Une table ronde dont Sud-Rail est ressorti profondément «déçu». La hausse de la masse salariale proposée par la direction de l’entreprise, de 4,6% en moyenne en 2024, est jugée «largement insuffisante», tonne Julien Troccaz. D’autant plus que ces 4,6% sont une addition de mesures, dont une augmentation générale de 1,8% pour tous les salariés. Chez Sud-Rail, on réclame «une augmentation générale des salaires de 400 euros par mois pour tous les cheminots».
Philippe Bru, nouveau directeur des ressources humaines de la SNCF, note lui que «c’est deux points de plus que le niveau de l’inflation estimé à 2,6 % l’an prochain. Ces deux dernières années, la hausse des rémunérations à la SNCF a globalement progressé de 12% en moyenne, soit 6% par an, et même de 14% pour les plus bas salaires.» Sur les trois dernières années, les salaires les plus faibles du groupe ferroviaire auront en moyenne été revalorisés de 21 %, indique la SNCF.
À lire aussiSNCF: les syndicats réclament plus de hausses de salaire
Mais «la grève n’est pas une fin en soi, précise Julien Troccaz. Le message que nous voulons faire passer à la direction, c’est : ne jouez pas la carte du pourrissement, nous voulons rouvrir les négociations salariales.» Si l’appel n’est pas entendu, «tout est sur la table», indique le cheminot. «La possibilité d’avoir une ou plusieurs journées d’action en décembre qui engloberaient les grands départs (en vacances) est sur la table», a confirmé son collègue Erik Meyer, secrétaire fédéral du syndicat. L’on pourrait alors revivre la situation de l’an dernier, lorsqu’une grève des contrôleurs SNCF, hors de tout cadre syndical, avait perturbé la circulation ferroviaire en plein week-end de Noël, environ 200.000 voyageurs ayant alors vu leur train annulé.
Toutefois, même chez Sud-Rail, on n’a pas encore officiellement arrêté de position officielle sur les propositions de la direction. Le syndicat, troisième en termes de représentativité au sein du groupe ferroviaire, va continuer de consulter ses adhérents jusqu’au 21 novembre, mais «ce qui remonte c’est très majoritairement qu’ils sont opposés à la signature de l’accord», a indiqué Erik Meyer. Les organisations syndicales ont jusqu’au 22 novembre pour signer ou non cet accord. Du côté des trois autres syndicats, on n’a pas encore dégagé de position. L’Unsa-Ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF, doit se prononcer ce mercredi. Quant à la CGT-Cheminots, sa position fait peu de doutes. Dans un tract daté de la semaine dernière, le syndicat fustige «des propositions indécentes et méprisantes au regard du contentieux salarial accumulé».