Comment encourager les entreprises et les particuliers français à mieux répartir leur consommation d’électricité dans la journée alors que les habitudes de vie et les modes de production évoluent? La commission de régulation de l’énergie (CRE) planche sur le sujet. Tout l’enjeu est de rendre plus attractives les heures creuses (HC), qui concernent quelque 15 millions d’abonnés.
Les enjeux sont assez simples. À quoi bon placer les heures creuses la nuit si le pays bénéficie d’une électricité abondante et peu chère le jour, quand les panneaux photovoltaïques fonctionnent à plein régime ? Il faut «mettre en cohérence les tarifs et les capacités de production», résume Emmanuelle Wargon, la présidente de la CRE.
Côté consommation, les habitudes ont évolué. Au chauffage l’hiver s’ajoute de plus en plus la climatisation l’été. Les chauffe-eau, très gourmands en électricité, se font plus performants, avec la possibilité de programmer des plages de fonctionnement en décalé. Le spectre d’un pic de consommation en fin de journée n’a pas pour autant disparu : le développement des véhicules électriques fait craindre une envolée en fin de journée. Or, pourquoi charger à 18h ou 19h, si c’est pour repartir le lendemain à 7h? Autrement dit, comment encourager les consommateurs à ne pas allumer leur chauffage, leur four, lancer les machines à laver, brancher leur voiture, le tout entre 19h et 20h, quand ils rentrent chez eux ? Avec des nouvelles heures creuses et heures pleines !
Cela implique aussi que la différenciation entre les heures pleines et les heures creuses soit plus avantageuse, par exemple, en augmentant les écarts de tarification entre les deux périodes. La CRE est en discussion avec Enedis. «L’objectif est d’arriver à un schéma dans lequel il y aurait des heures creuses à la mi-journée en été et la nuit en hiver», explique Emmanuelle Wargon. C’est un énorme chantier pour le système d’information des fournisseurs et pour Enedis.
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La réflexion s’inscrit dans un cadre plus large, portant sur les futurs tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE). Ils devraient, eux, augmenter pour prendre en compte les énormes besoins d’investissements, près de 200 milliards d’euros, qui devraient être consentis par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) et celui du réseau de distribution (Enedis) d’ici 2024. Pour encourager les consommateurs à mieux maitriser leur consommation, le plus logique serait d’augmenter davantage le prix au kilowattheure que celui de l’abonnement. Mais pour le moment, ce début compliqué aux nombreuses implications est très très loin d’avoir été tranché et rien ne devrait être décidé avant 2025.