C’était le rendez-vous mondial de tous les amoureux du jeu vidéo. Depuis presque vingt ans, l’Electronic Entertainment Expo (E3) faisait rêver petits et grands en présentant les nouveautés du secteur à Los Angeles.
Dans un message sur X (ex-Twitter), l’Entertainment Software Association (ESA), organisatrice de l’événement, a annoncé sa fin définitive. «Après plus de deux décennies d’E3, tous plus grands les uns que les autres, le temps est venu de faire nos adieux. Merci pour les souvenirs», peut-on ainsi lire sur la page web du salon.
Pourquoi cette fin brutale ? Chaque année, le salon réunissait plus de 65.000 visiteurs qui s’agglutinaient dans les halls du Los Angeles Convention Center. Sur trois jours, pendant le mois de juin, l’E3 mettait à l’honneur à la fois les fabricants de consoles, comme Nintendo, Sony ou Microsoft, ainsi que les éditeurs de jeux vidéo comme Ubisoft, EA ou Activision. L’E3 était l’occasion pour les grandes entreprises du secteur de lever le voile sur leurs prochaines productions dans un véritable show à l’américaine. Dans les jours précédant l’ouverture du salon, elles organisaient chacune des conférences spectaculaires retransmises sur Internet et suivies en direct par des millions de spectateurs.
Mais ces dernières années, l’E3 a connu quatre annulations de suite. En 2020, il est annulé à cause des préoccupations entourant la pandémie de Covid-19. L’édition suivante est seulement retransmise en ligne. En 2022, le salon est de nouveau annulé sans que l’organisation ne précise les raisons exactes. Un an plus tard, malgré la levée des restrictions liées à la pandémie, l’événement est de nouveau annulé, n’ayant «pas suscité l’intérêt nécessaire».
À lire aussi«Je prenais des voitures pour écraser le plus de personnes… » : depuis 1997, l’intarissable folie GTA, le jeu vidéo où tout est permis
L’effondrement de l’E3 s’explique par «l’arrivée de nouveaux concurrents, le retrait de partenaires, l’évolution des habitudes du public et les perturbations liées à la pandémie» explique Stanley Pierre-Louis, le patron de l’ESA, dans une interview accordée au Washington Post. Depuis plus de dix ans, l’E3 était considéré comme en perte de vitesse.
Les géants du secteur y présentaient de moins en moins leurs nouveautés et cette année, ils avaient annoncé qu’ils ne participeraient pas à cette édition, préférant désormais des lancements personnalisés et leurs propres événements. «Les entreprises ont désormais directement accès aux consommateurs et aux partenaires commerciaux par de nombreux canaux, notamment par le biais de leurs propres présentations», appuie ainsi Stanley Pierre-Louis. En 2018, pour la première fois de son histoire, Sony n’avait pas assisté à l’E3, déclenchant un effet domino sur d’autres entreprises qui s’étaient elles aussi retirées de l’événement.
À lire aussiAvis de tempête sur le secteur du jeu vidéo
C’est un revirement inattendu après des promesses de «réinvention» de l’E3 évoquées en septembre 2023. D’abord réservé aux professionnels et aux journalistes dans ses premières années, le salon s’était progressivement ouvert au grand public. Un public toujours présent, prêt à faire la queue aux abords du salon sous le soleil cuisant de la Californie. C’est lors de cet événement que l’on a notamment pu découvrir de futurs grands succès de l’industrie comme la Nintendo Revolution, renommée la «Wii» dès son lancement.
«Un événement auquel j’ai toujours voulu me rendre au moins une fois, mais je ne l’ai jamais fait» écrit ainsi James, un utilisateur de X sous le post de l’organisateur. Des regrets partagés par toute la communauté de fans du salon. «C’est la même chose pour moi. J’étais dans l’armée pendant presque toute la durée de l’E3. Une fois à la retraite, j’ai pu voyager librement, mais je n’ai jamais pu me rendre là-bas après l’arrivée du Covid. Je savais qu’ils allaient probablement fermer peu de temps après, une fois que tout le monde aurait commencé à se retirer. Nous y sommes», regrette un autre internaute.