«Macron met le salon sur la paille !», assure Le Canard Enchaîné dans un papier publié ce mercredi, avant d’expliquer que «les organisateurs du Salon de l’Agriculture ont enregistré une chute de la moitié des entrées et une perte de 400.000 à 500.000 euros le 24 février, lors de la visite chahutée du président». «À raison d’un prix d’entrée à 16 euros pour les adultes et 9 euros pour les enfants de 6 à 12 ans, ce sont de 400.000 à 500.000 euros de recettes qui se sont évaporés, sans compter le manque à gagner dans les différents stands. Soit de 30 à 40% du chiffre d’affaires du salon», précise le journal satirique.

Un calcul malhonnête selon les organisateurs du salon, qui déplorent la méthode choisie pour évaluer leur manque à gagner sur la journée de samedi. «Jamais je n’ai vu le chiffre d’affaires du salon exact. Non seulement ce calcul est malhonnête, mais il est surtout irréfléchi», lance ironiquement Arnaud Lemoine, le directeur du Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), propriétaire et organisateur du Salon de l’agriculture, qui précise qu’il est impossible d’évaluer ce montant aussi simplement.

«Ils se sont contentés de soustraire le nombre d’entrées comptabilisées samedi au nombre d’entrées réalisées le premier samedi du salon l’an dernier, et ils ont multiplié par le prix du billet adulte à 16 euros. Mais c’est un chiffre brut, primaire qui ne correspond en rien à des critères véritables», poursuit-il. Rien que sur le nombre d’entrées, Arnaud Lemoine précise qu’il prend en compte les entrées payantes certes, mais aussi les badges exposants, journalistes ou encore les badges dits «de service», qui ne sont pas payants à proprement parler.

À lire aussiSalon de l’agriculture, Européennes, RN: les confidences d’Emmanuel Macron au Figaro

«Oui, j’imagine que face à l’agitation du samedi matin, certains visiteurs ont dû hésiter à venir l’après-midi, mais la visite d’Emmanuel Macron samedi n’est pas la seule explication à la moindre fréquentation ce jour-là», ajoute le directeur du salon. Ce dernier rappelle en outre que, pour la première fois depuis longtemps, le premier week-end de l’événement est tombé pendant les vacances scolaires des Parisiens, potentiellement partis loin de la capitale. Ce qui peut également expliquer une plus faible fréquentation, selon lui.

Et de poursuivre : «le chiffre d’affaires du salon est composé de tellement de choses différentes». Celui des organisateurs est composé «des billets d’entrées, des recettes liées à la vente de produits dérivés et de nourriture, mais aussi du prix de vente au m2 payé par les exposants, ainsi que du prix payé par ces derniers pour l’aménagement», plus ou moins important des stands. Quant à celui des exposants, il est souvent «difficile» de le connaître, puisque tous ne le communiquent pas.

«Il faudrait être un grand maître de la comptabilité pour estimer les conséquences financières de la visite du président de la République sur le salon, je suis moi-même incapable de vous le dire», conclut Arnaud Lemoine. L’an passé, plus de 90.000 personnes s’étaient déplacées pour le premier samedi du salon, contre 60.000 cette année. Soit un tiers de moins, selon le directeur du salon, qui précise que depuis, entre samedi et aujourd’hui, la tendance est «plutôt haussière» en termes de fréquentation. Mais rien qui puisse, à ce stade, présager de ce que sera la fréquentation totale de cette foire d’exposition qui fermera ses portes ce dimanche 3 mars et encore moins de son chiffre d’affaires donc.

Interrogée à ce sujet ce mercredi matin sur LCI, Agnès Pannier-Runacher n’a pas fait de commentaire sur le chiffre avancé par le Canard, mais a jugé «très dommage» que «300 à 400 personnes» dont beaucoup n’étaient «d’ailleurs pas des agriculteurs» soient à l’origine d’une «situation de violence» au Salon de l’agriculture qui doit normalement «être une fête». «Nous sommes en responsabilité politique, nous devons rendre des comptes mais ce n’est certainement pas en bousculant des policiers ou en essayant de franchir des portes que l’on porte réellement la cause des agriculteurs», a-t-elle ajouté. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a même pointé du doigt la présence de «certaines personnalités politiques», qui n’ont pas hésité à «instrumentaliser la colère des agriculteurs».