Plus de 2 millions de personnes laissées sur le carreau ? Alors que le groupe La Poste chercherait à vendre tout ou partie de son opérateur mobile virtuel La Poste Mobile, la question du sort des 2,3 millions d’abonnés au service se pose. Interrogée par nos soins sur cette information parue dans Les Échos, La Poste «confirme avoir entamé une réflexion sur l’évolution du capital de La Poste Mobile ayant pour objectif de valoriser la réussite de la marque, leader du marché français des opérateurs virtuels, et d’accélérer son développement».
Derrière les quatre grands opérateurs commerciaux du pays (Orange, SFR, Free, Bouygues), La Poste Mobile est le cinquième en nombre d’abonnés. C’est même de loin le premier «MVNO», ces opérateurs virtuels qui utilisent le réseau et les antennes des sociétés tierces, SFR dans le cas de La Poste Mobile. Le groupe de Philippe Wahl n’en dit pas plus sur les raisons qui le poussent à vouloir céder tout ou partie de cet actif. La Poste Mobile est devenue rentable en 2022 avec 2,8 millions d’euros de résultat d’exploitation, et celui-ci pourrait atteindre 48 millions d’euros en 2024 selon Les Échos. De quoi valoriser les 51% que détient La Poste dans l’opérateur, les 49% restants étant détenus par SFR.
«Cette évolution, si elle se confirme, aura pour condition de poursuivre la commercialisation de La Poste Mobile dans le réseau des bureaux de poste, facteur-clé de son succès, d’inscrire l’activité dans la durée et de consolider la marque dans un partenariat de long terme», explique encore La Poste au Figaro. Autrement dit, l’idée est bien de faire prospérer le service, une fois la cession partielle ou totale réalisée. De quoi rassurer les clients actuels. De fait, les 7000 bureaux de poste sont un canal d’acquisition indispensable à l’opérateur virtuel et un avantage concurrentiel énorme vis-à-vis de ses concurrents.
Reste à savoir quelle sera la décision du repreneur de cette participation. En tout état de cause, la position de SFR, qui détient 49% du capital de l’entreprise, est tout sauf négligeable. S’il se refuse à tout commentaire, le groupe dispose d’un droit de préemption pour récupérer les 51% restants et d’un droit de veto sur le choix d’un autre repreneur. C’est également le prestataire technique de l’opérateur virtuel, lui fournissant son réseau mobile.
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Le marché des opérateurs virtuels, florissant au début des années 2010, est entré ces dernières années dans une phase de consolidation accélérée, avec des vagues de rachats menés d’abord par Bouygues Telecom (NRJ Mobile, CDiscount, Auchan Telecom) puis SFR (Syma, Prixtel, Coriolis, Réglo Mobile). Si certaines marques ont perduré, d’autres ont été intégrées au parc des opérateurs de réseau. L’Arcep dénombre aujourd’hui une douzaine d’opérateurs virtuels dédiés au marché des particuliers.
Le nombre de cartes SIM des opérateurs MVNO est passé de 8,6 à 5,5 millions d’utilisateurs entre septembre 2020 et septembre 2022. Soit un effondrement de la part de marché de ces acteurs, passant de 11,5% à 5,5% sur la même période. Déjà bousculés en 2012 par l’arrivée de Free et de son positionnement low-cost, les opérateurs virtuels ont ensuite dû affronter l’arrivée sur le marché des offres digitales, souvent sans engagement, et peu chères, des trois autres grands opérateurs, que ce soit Orange (Sosh), SFR (Red), ou Bouygues Telecom (B
Depuis un an cependant, la dynamique est meilleure, avec des recrutements d’abonnés et une légère augmentation de la part de marché des opérateurs virtuels, qu’ils soient indépendants ou détenus par les grands opérateurs. «Nous constatons un maintien de l’exploitation de chacune de ces marques. Cette diversité donne une agilité aux opérateurs de réseau, qui se servent de ces marques pour riposter aux offres agressives de la concurrence sans venir écorner le positionnement de leur marque historique», explique Fabien Charmetant, expert pour le courtier télécoms Ariase. Selon lui, la concentration n’a d’ailleurs «pas empêché d’autres MVNO de poursuivre leur croissance voire de se lancer avec brio, comme YouPrice».