Si jeune, et pourtant si mature. À 25 ans, Google est souvent cité comme étant l’entreprise la plus puissante du monde. Depuis la rencontre de deux étudiants de Stanford, bien décidés à créer un moteur de recherche capable de distinguer les sites Internet les plus réputés, jusqu’à l’avènement de l’intelligence artificielle, l’entreprise américaine a tout vécu ou presque. À l’occasion de son quart de siècle, retour sur les dates clés qui ont contribué à faire de cette société un véritable empire technologique.

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Tout débute en 1995, lorsque Larry Page et Sergey Brin – alors respectivement âgés de 21 et 22 ans – se rencontrent à l’université Stanford. Ils commencent à travailler ensemble sur un projet de moteur de recherche appelé Backrub, qui deviendra plus tard Google. Concrètement, ils imaginent un logiciel qui analyse les relations entre les sites web afin d’offrir de meilleurs résultats que ceux donnés par leurs concurrents de l’époque, dont l’Américain AltaVista. Le 15 septembre 1997, le nom de domaine Google.com est enregistré et le 4 septembre 1998, Google Inc. est officiellement fondé dans un garage à Menlo Park, en Californie.

Pour la petite histoire, le nom du moteur de recherche vient du terme «Googol», désignant le «nombre 10 suivi de 100 zéros», selon Alain Rey, auteur de 200 drôles de mots qui ont changé nos vies depuis 50 ans.

Moins de deux ans plus tard, Google est officiellement lancé en France. Si le moteur de recherche était déjà largement utilisé dans l’Hexagone, Google décide – face à la réussite du moteur de recherche – de se lancer Outre-Atlantique. Le lancement officiel de Google France a été marqué par l’ouverture du bureau français à Paris, quelques années plus tard, en 2004, et la mise en place d’une équipe dédiée pour gérer les opérations, la vente de publicités et la localisation des services Google pour les utilisateurs français. Nouveau dans le paysage web, il va très rapidement remplacer les annuaires Lycos, Yahoo et Voilà.

En parallèle, dès le début des années 2000, Larry Page et Sergey Brin ouvrent leurs premiers bureaux internationaux. D’abord à Tokyo, au Japon, mais aussi à Londres, au Royaume-Uni, à Toronto, au Canada ou encore à Sydney, en Australie. À cette époque, le moteur de recherche est disponible en dix nouvelles langues : allemand, danois, espagnol, finnois, français, italien, néerlandais, norvégien, portugais et suédois

Dès lors, Google connaît une ascension fulgurante, s’imposant comme le site de recherche le plus complet et le plus efficace. Et ce, grâce à la pertinence des résultats de recherche et à son algorithme PageRank. Son rayonnement international permet à l’entreprise de se lancer dans le grand bain, entrant en Bourse, avec une introduction très médiatisée, en août 2004.

Depuis, le cours de Google n’a cessé de grimper pour atteindre des sommets mi-novembre 2021, avec une action cotée à 149,95 dollars. La crise sanitaire, le marasme économique puis la Guerre en Ukraine ont eu raison de cette vertigineuse ascension, qui a ainsi connu une petite baisse de régime à partir de la fin de l’année 2021 et jusqu’au début de l’année 2023. Ces derniers mois, l’action est remontée pour atteindre 136,8 dollars au 1er septembre 2023. Une belle remontée que l’entreprise doit notamment aux espoirs fondés en l’intelligence artificielle.

Au fil des années, Google a continué à élargir son éventail de produits et de services, avec la recherche, la publicité en ligne ou encore la cartographie. En 2005, de nouveaux outils font leur apparition : Google Maps et Google Earth. Le premier permet aux utilisateurs d’explorer des cartes interactives, d’obtenir des itinéraires, de rechercher des lieux, de visualiser des images satellites mais aussi de consulter des informations sur la circulation routière en temps réel. Le second leur offre la possibilité d’explorer la Terre, également grâce aux images satellites ainsi qu’aux données géographiques. Deux applications gratuites, proposés sans aucune limite.

Annoncé en octobre 2006 et finalisé en novembre 2006, le rachat de YouTube par Google – pour 1,65 milliard de dollars – est l’un des plus symboliques. Une acquisition qualifiée de moment clé dans l’histoire d’Internet, dans la mesure où elle a renforcé la position dominante de Google dans le domaine de la vidéo en ligne.

Devenu la plus grande plateforme de partage de vidéos au monde, avec plus de deux milliards d’utilisateurs tous les mois selon les chiffres communiqués en 2021, YouTube continue d’être une plateforme majeure pour le partage de contenu vidéo en ligne. En 2022, la publicité y a même généré plus de 10 % du total des revenus d’Alphabet, la maison-mère de Google, soit plus de 29 milliards de dollars.

Acquise par Google en août 2005, la start-up Android Inc. travaille alors au développement d’un système d’exploitation pour les appareils mobiles. Avec ce rapprochement, Google souhaite créer un système d’exploitation mobile ouvert, afin de permettre aux développeurs de créer des applications et aux fabricants de smartphones d’utiliser un système d’exploitation flexible et personnalisable. Un franc succès : avec son propre système d’exploitation mobile, Google devient le moteur de recherche déjà pré-installé sur quasiment l’ensemble des smartphones Android.

Grâce à cette acquisition, Android est devenu le leader du marché des smartphones dans le monde. Le système d’exploitation est utilisé par de nombreux fabricants de smartphones et est installé sur des milliards d’appareils à travers le globe, ce qui en fait l’un des écosystèmes mobiles les plus répandus et les plus influents. Aujourd’hui, la domination de la technologie Android est écrasante dans les smartphones.

Le lancement de Street View en Europe est corrélé avec le Tour de France, en juillet 2008. Cette collaboration entre Google et l’événement sportif devait ainsi permettre aux utilisateurs de découvrir virtuellement les étapes de la célèbre course cycliste. Pour y parvenir, Google a mobilisé des véhicules équipés de caméras spéciales pour capturer des images panoramiques à 360 degrés le long du parcours du Tour de France. Ces images ont été prises sur les routes empruntées par les cyclistes et couvraient les différentes étapes de la course.

L’occasion pour Google d’asseoir encore davantage son autorité dans le domaine de la tech, capable de faire découvrir virtuellement des endroits du monde entier. Y compris lors d’événements de renommée mondiale.

D’ailleurs, depuis l’acquisition de Youtube en 2006, Google n’a eu de cesse d’étendre son empire en rachetant tour à tour – moyennant plusieurs millions voire plusieurs milliards de dollars – d’autres entreprises de la tech. Parmi les rachats les plus symboliques, l’on peut noter celui de Motorola Mobility en 2012 pour 12,5 milliards de dollars (depuis revendu à Lenovo), celui de Nest Labs en 2014 pour 3,2 milliards de dollars ou encore celui de Waze en 2013 pour 1,3 milliard de dollars.

Malgré ces succès, certains projets tombent à l’eau. C’est notamment le cas des Google Glass, dont le lancement en 2013 a été marqué par un certain nombre de difficultés, conduisant à ce que beaucoup considèrent comme un échec commercial. Leur coût élevé, à 1500 dollars, couplé à un manque d’esthétisme et à des problèmes de confidentialité étaient notamment pointés du doigt.

Pour d’autres raisons, Google a également dû mettre fin à certains projets ou fermer d’autres services qui n’avaient pas atteint leurs objectifs, tels que Google Reader, un lecteur de flux RSS, ou encore Google Answers, un service de questions-réponses. Google Stadia a également été abandonné, dans le domaine des jeux vidéo, de même que le réseau social Google . L’entreprise a aussi rencontré certaines difficultés dans le domaine des smartphones – notamment avec les modèles Nexus et Pixel – qui restent derrière leurs concurrents Apple et Samsung.

En août 2015, l’Indien Sundar Pichai – alors âgé de 43 ans – est choisi pour devenir le PDG de Google dans le cadre d’une restructuration majeure et de la création d’Alphabet. Un changement qui vise notamment à clarifier la structure de gestion et à donner à Google plus d’autonomie dans ses activités principales.

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Larry Page devient ainsi PDG d’Alphabet Inc., la société mère, tandis que Sergey Brin occupe le poste de président. Les deux acolytes souhaitant se concentrer sur des projets plus larges et ambitieux au sein d’Alphabet tout en permettant à Google de fonctionner de manière plus autonome sous la direction de Sundar Pichai. Le 4 décembre 2019, ce dernier prend ensuite la tête de l’ensemble du groupe.

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Dernièrement, Google et Alphabet sont dans le viseur de l’Union européenne. Le géant du numérique a en effet fait face à plusieurs litiges, enquêtes et contentieux juridiques au fil des ans, impliquant des questions de concurrence, de vie privée, de droits d’auteur, de publicité, et d’autres domaines. D’abord en Europe, alors que la Commission européenne a mené plusieurs enquêtes antitrust contre Google concernant ses pratiques en matière de recherche en ligne, de publicité en ligne et de systèmes d’exploitation mobiles. Avec, à la clé, des amendes atteignant parfois plusieurs milliards de dollars.

À ce sujet, Google a d’ailleurs annoncé des changements pour se conformer aux nouvelles règles européennes, afin de garantir plus de transparence aux utilisateurs sur le ciblage publicitaire et la modération des contenus. Cette nouvelle législation de l’UE sans équivalent dans le monde – baptisée le DSA (Digital Services Act) – s’impose depuis fin août dans l’espace européen aux 19 plus grands réseaux sociaux, places de marchés et moteurs de recherche, parmi lesquels Google et sa plateforme de vidéos YouTube, mais aussi Amazon, Facebook, Instagram, X (ex-Twitter) ou TikTok, sous peine de lourdes amendes.