Après une édition 2022 sous le signe de l’inflation, les Français s’apprêtent à vivre une saison des fêtes un peu plus tranquille : c’est, en tout cas, la conclusion d’une enquête* réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc). Dévoilée en exclusivité par Le Figaro, cette note souligne que nos compatriotes vont continuer de faire des efforts cette année, mais ils estiment tout de même pouvoir davantage se faire plaisir. De quoi espérer de bons cadeaux sous le sapin…
Passée de 6,2% à 3,4% entre novembre 2022 et novembre 2023, l’inflation sur un an a considérablement ralenti, comme s’y attendaient nombre d’experts. Si les prix ne baissent toujours pas, la flambée des factures se normalise peu à peu, allégeant la contrainte budgétaire des ménages. Ceux-ci déclarent donc être un peu plus prêts à piocher dans leurs économies pour les fêtes, alors que l’horizon s’éclaircit légèrement : «On observe cet automne un certain recul des restrictions budgétaires envisagées pour la période», relève l’étude. 57% des Français interrogés disent ainsi envisager de réduire leurs dépenses pour les fêtes par rapport à l’année dernière, une proportion certes importante, mais bien inférieure aux 72% relevés un an plus tôt. Les «prévisions de restrictions budgétaires» reculent sur tous les postes de dépenses, comme les repas, cadeaux, déplacements ou décorations. S’ils sont prêts à se serrer la ceinture sur les transports ou la nourriture, les consommateurs essaient de préserver les cadeaux des enfants, un poste sur lequel moins d’individus souhaitent faire des efforts.
Les personnes interrogées se montrent aussi optimistes sur la conjoncture : un peu plus d’un Français sur deux – 54% – se disait prêt à faire face à une dépense imprévue en piochant dans ses réserves, en octobre, contre 43% seulement un an plus tôt. «Les questions d’inflation sont beaucoup relayées par la presse, ce qui fait que le début de ralentissement a été noté. Les gens le constatent dans leur quotidien», relève Marianne Bléhaut, directrice du pôle data et économie au Credoc. Un constat qui va de pair avec celui formulé par l’Insee, la semaine dernière : les statisticiens nationaux indiquaient alors que le moral des ménages s’améliorait légèrement, en novembre. Les particuliers se disaient notamment plus confiants sur leur situation financière personnelle, ainsi que sur l’opportunité de faire des achats importants. Parallèlement, la part de ménages inquiets par l’inflation diminuait.
Si le constat global est encourageant, une partie non-négligeable de nos compatriotes continuent malgré tout de faire des efforts. Près de huit Français sur dix vont faire la chasse aux promotions, mais la part de personnes prêtes à «faire des compromis sur la qualité», en achetant des premiers prix ou chez les hard discounters, diminue. De même, la part de Français achetant d’occasion, privilégiant le fait maison ou réduisant la quantité de biens achetés recule, symbole d’un pouvoir d’achat moins contraint.
Sans surprise, tout le monde n’est pas égal face à l’inflation, et le ralentissement de la flambée des prix a laissé les plus humbles sur le carreau. Les couples avec enfants ou les familles monoparentales comptent parmi ceux souhaitant le plus se serrer la ceinture : «L’intention de réduire les dépenses pour les fêtes de fin d’année n’a diminué, chez elles, que de 4 points, contre 15 en moyenne», relève l’étude. De même, elles «souhaitent préserver les cadeaux pour les enfants, mais elles sont deux fois plus nombreuses qu’en moyenne à envisager de réduire ce budget».
À l’approche de Noël, on constate donc un «double mouvement» : le desserrement des contraintes, perceptible pour la majorité des Français, «n’est pas accessible à tout le monde, résume Marianne Bléhaut. Se faire plaisir ne veut pas dire qu’il y a un desserrement général de la contrainte économique. Des difficultés peuvent persister, mais pour une partie des Français, il sera envisageable» de se faire davantage plaisir, conclut l’experte.
*Pour obtenir ces résultats, le Credoc a interrogé, lors de deux enquêtes, un échantillon représentatif de 3000 personnes de 15 ans et plus, et un deuxième de 2000 individus majeurs. Ces travaux ont été menés à la même période que l’an dernier, permettant ainsi de comparer fidèlement l’évolution des tendances. «Les enquêtes sont menées en ligne, et les répondants sont sélectionnés selon la méthode des quotas», précise aussi l’institution.