«Insuffisant». C’est le verdict de la Cour des comptes concernant le soutien public à la recherche sur l’adaptation de la forêt au changement climatique. Le rapport publié mardi alerte sur les ravages des cervidés et la nécessité de regrouper les parcelles pour mieux les gérer. Mangée par le feu ou les insectes, la forêt métropolitaine française dépérit plus vite. Les conditions climatiques influent sur la réussite des plantations, dont 38% ont été en échec en 2022, année marquée par une sévère sécheresse.
Dans ce contexte difficile, l’État a notamment créé un fonds de 250 millions d’euros au titre du renouvellement forestier, avec l’ambition de renouveler 10% de la forêt en dix ans en plantant un milliard d’arbres. Mais pour la Cour des comptes, le soutien public à la recherche sur l’adaptation de la forêt et de la filière bois «demeure insuffisant». L’institution appelle à des «regroupements forestiers» pour «améliorer l’efficacité de la gestion des forêts privées» et à un soutien renforcé aux communes forestières.
Alors que les deux tiers des 3,3 millions de propriétaires privés possèdent des surfaces inférieures à un hectare, la Cour plaide pour une gestion par «une structure intercommunale», créée avec l’aide de l’État, qui permettrait des «économies d’échelle» dans l’élaboration des plans de gestion et de «mutualiser les risques».
La situation est d’autant plus critique que les forêts productives de résineux du Grand-Est ont été décimées par des attaques de scolytes, des insectes xylophages. «Entre 8 et 12%» des 15.000 communes forestières présentent aujourd’hui «un risque fort de dégradation de leurs comptes»: certaines sont déjà «en grande difficulté financière» et les aides publiques sont loin de compenser la perte de revenus liée aux produits forestiers, souligne la Cour des comptes.
Ainsi, les communes de Bourgogne-Franche-Comté «ont bénéficié d’une aide de 300.000 euros quand leurs produits forestiers ont diminué de 20 millions d’euros par rapport à leur montant moyen». La Cour veut aussi voir diminuer la population «trop importante» de cervidés, ces grands herbivores friands des jeunes pousses des essences «les plus résilientes face au changement climatique».
«En 1973, le plan de chasse national pour les cerfs portait sur 2.339 individus. Ce nombre est passé en 2021 à 108.438», relève la Cour des comptes, qui plaide pour «une meilleure régulation» par les chasseurs mais aussi les opérateurs publics. «Assurer partout sur le territoire un équilibre sylvo-cynégétique permettrait de régénérer la forêt sans mise en œuvre de protections et donc de réaliser une économie comprise entre 225 et 375 millions d’euros», affirme l’institution.