«Vous, chers amis de la communauté internationale, vous êtes les bienvenus en Chine». La conclusion du discours du vice-premier ministre chinois, mardi au Forum de Davos, résume bien son propos. Trois ans après l’irruption de la pandémie de Covid-19, qui a émergé à Wuhan, Pékin affiche son retour dans le concert économique des nations.
Xi Jinping a dépêché dans la station des Alpes suisses une délégation conduite par son vice premier ministre, Liu He, anglophone rompu aux négociations internationale. Comme l’indique Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial, Liu, au sommet de l’État, joue un rôle clé dans l’économie et la technologie chinoise.
Ce n’est qu’à la fin de son discours que Liu He a évoqué l’épidémie de Covid dont les cas ont explosé en Chine depuis la fin, en décembre, de la politique «zéro Covid». «Nous avons dépassé le pic des infections, nous sommes en train de revenir à la normale», même si «cela prend un peu plus de temps qu’anticipé». La quarantaine pour les étrangers est levée, qui sont les bienvenus dans l’empire du Milieu, sous réserve de produire un test Covid négatif.
Liu He n’était pas venu à Davos depuis 2018. En janvier 2020, le Forum accueillait une délégation chinoise importante alors que l’on parlait – un peu – de cette mystérieuse pneumonie qui sévissait à Wuhan. L’édition 2021 du Forum fut annulée pour cause de Covid. Lors de la réunion 2022, reportée au mois de mai, les Chinois étaient absents.
«Quelles que soient les avancées technologiques», a exprimé Liu en évoquant les visioconférences, «rien ne remplace les rencontres en présentiel. J’ai rencontré de vieux amis ces derniers jours; j’espère vous aider à mieux comprendre la Chine». Brossant le tableau du redressement économique après le trou d’air lié à la politique des confinements massifs, le dirigeant chinois a expliqué que la priorité est «à la demande intérieure», laquelle sera soutenue par une politique budgétaire «active» et une politique monétaire «prudente». Passant sous silence la mise au pas de plusieurs géants de la tech dont le fondateur d’Alibaba Jack Ma, Liu assure «travailler au développement sain du secteur privé». Tout étant dans l’interprétation de l’adjectif «sain». Si «certains disent que la Chine se tourne vers l’économie planifiée, c’est impossible», s’est-il défendu. Le vice-premier ministre compte bien «attirer les investissements étrangers».
La croissance de la deuxième économie mondiale pourrait atteindre 4,8% selon les prévisions de Barclays. Son patron Europe, Francesco Ceccato, met en garde sur un rebond vigoureux de la Chine qui pourrait générer de nouvelles tensions sur le pétrole, le gaz et les matières premières.
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Liu He a tenu à rassurer les investisseurs sur les risques financiers liés à l’immobilier qui seraient en passe d’être circonscrits. En rappelant que ce secteur est un pilier de l’économie chinoise, représentant «40% des prêts bancaires, 50% des ressources fiscales des gouvernements régionaux et 60% des actifs des ménages urbains». Lesquels actifs vient leur valeur décliner, comme l’a reconnu Liu notant une baisse des transactions.
S’inscrivant dans le sillage de son président, Xi Jinping, qui s’était fait le chantre de la mondialisation à Davos en 2017, Liu a rejeté «l’unilatéralisme» et plaidé pour «une remondialisation économique» dans un «monde fragmenté», thème central du Davos 2023. Le responsable chinois a défendu la coopération internationale pour lutter contre le changement climatique. Son pays vise la neutralité carbone en 2060.
«Les Chinois nous disent qu’ils veulent continuer à faire des affaires», confirme Jean-Marc Ollagnier, PDG d’Accenture Europe, la branche européenne du géant du conseil qui emploie plus de 700.000 personnes dans le monde.
Si le dirigeant chinois a prévu de rencontrer des hommes d’affaires, son rendez-vous le plus sensible est prévu mercredi, à Zurich, où se situe l’aéroport international le plus proche de Davos, avec Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor, sur fond de tensions persistantes entre Pékin et Washington.