Le répit sera-t-il de courte durée pour les automobilistes tricolores ? Les tarifs à la pompe sont en décrue depuis maintenant plusieurs semaines, d’après les calculs de Fig Data, effectués à partir des données publiques du ministère de la Transition énergétique. Cette nette diminution arrive à point nommé, peu avant les fêtes de fin d’année, alors que le contexte économique demeure tendu, avec une inflation à 3,4% pour 2023 et des perspectives assombries par l’irruption du conflit au Proche-Orient qui fait craindre un nouveau choc pétrolier et une hausse massive des prix.

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Dans le détail, un litre de sans-plomb 98 coûte en moyenne 1,8691 euro, soit deux centimes de moins en une quinzaine de jours et son niveau le plus bas en 2023. La tendance est similaire pour le sans-plomb 95 qui vaut autour d’1,8293 euro et pour l’E10 (1,7880 euro). Le gazole semble quant à lui être durablement fixé sous la barre des 1,80€ (1,7682 euro).

En résumé, sur l’ensemble de l’année 2023, le tarif du SP-98 a reculé de 2,2%, comme celui du SP-95 (- 0,9%) et de l’E10 (- 2,5%). Le gazole reste en nette baisse (- 7,6%) alors qu’il était le carburant le plus onéreux il y a un an.

Pour rappel, depuis le 1er mars et jusqu’à la fin de l’année 2023, les prix du gazole et de l’essence sont plafonnés à 1,99 euro dans les stations du groupe TotalEnergies. Un geste réalisé sur demande du gouvernement. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a par ailleurs réclamé au pétrolier de prolonger la remise «au-delà du 31 décembre». Une requête acceptée par Total qui appliquera ce tarif toute l’année 2024. Du côté de la grande distribution, plusieurs enseignes ont annoncé des opérations de vente à prix coûtant, ce qui a un impact plutôt réduit car les marges ne dépassent guère un à deux centimes, selon les syndicats du secteur.

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Ces actions interviennent après l’échec de l’autorisation de «la vente à perte». L’exécutif souhaitait en effet que les stations puissent vendre le carburant sous son prix d’achat mais il s’est heurté à un refus net de la grande distribution. Au final, le gouvernement a préféré communiquer sur «près de 120.000 opérations» à prix coûtant jusqu’à fin décembre.

Il a également annoncé, toujours par la voix du locataire de Bercy, que l’indemnité carburant de 100 euros destinée aux travailleurs modestes ne sera accordée en 2024 que si les prix «explosent» et approchent les 2 euros le litre. Cette indemnité ne concernait que les 50% de ménages les plus modestes mais serait élargie si elle était activée en 2024.

Les prix à la pompe suivent les évolutions du baril de Brent. Ce dernier a atteint son record annuel au début de l’automne à 96,55$ en clôture à Londres avant de redescendre. C’était sans compter sur l’irruption d’un nouveau conflit au Proche-Orient, entre le Hamas et Israël, qui a suscité l’inquiétude des marchés et une flambée des prix dans un contexte déjà plombé par les réductions de production saoudienne et russe. Pourtant, le pétrole a depuis connu une forte baisse, due notamment aux craintes sur l’économie chinoise. La récente annonce d’importantes coupes dans la production pour 2024 par l’Opep comme les tensions en mer Rouge liées aux attaques des rebelles houthistes ont cependant fait repartir les prix de l’or noir. Le baril de Brent vaut ce matin 80,06$ à Londres.