L’étau se desserre légèrement pour les automobilistes tricolores. Les tarifs à la pompe connaissent enfin une baisse, alors que l’été avait vu une flambée des prix allant jusqu’à vingt centimes par litre pour le gazole, d’après les calculs de Fig Data, effectués à partir des données publiques du ministère de la Transition énergétique. Cette bonne nouvelle survient cependant dans un contexte tendu, avec une inflation à 4,8% sur un an et l’irruption du conflit entre le Hamas et Israël qui pourrait rapidement changer la donne.
C’est pour le gazole que la baisse est la moins marquée, un litre revient en moyenne à 1,898 euro, soit 5 centimes de moins par rapport à la mi-septembre. L’essence connaît une baisse plus spectaculaire. L’E10 coûte désormais 1,862 euro par litre, c’est presque 10 centimes de moins qu’il y a trois semaines. Une tendance similaire pour le sans-plomb 98, largement redescendu en dessous de la barre fatidique des deux euros (1,949) cette semaine. À l’exception notable du gazole, ces montants se rapprochent de ceux du printemps dernier.
Pour rappel, depuis le 1er mars et jusqu’à la fin de l’année 2023, les prix du gazole et de l’essence sont plafonnés à 1,99 euro dans les stations du groupe TotalEnergies. Un geste réalisé sur demande du gouvernement. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a par ailleurs réclamé au pétrolier de prolonger la remise «au-delà du 31 décembre». Une requête acceptée par l’entreprise «tant que les prix resteront élevés». Du côté de la grande distribution, plusieurs enseignes ont annoncé des opérations de vente à prix coûtant, ce qui a un impact plutôt réduit car les marges ne dépassent guère un à deux centimes, selon les syndicats du secteur.
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Ces actions interviennent après l’échec de l’autorisation de «la vente à perte». L’exécutif souhaitait en effet que les stations puissent vendre le carburant sous son prix d’achat mais il s’est heurté à un refus net de la grande distribution. Au final, le gouvernement a préféré communiquer sur «près de 120.000 opérations» à prix coûtant jusqu’à fin décembre.
Cette baisse intervient dans un contexte international complexe. Le baril de Brent a précisément vu son tarif flamber et même atteindre un record annuel il y a trois semaines, à 96,5 dollars en clôture. La faute à la réduction de la production saoudienne et russe. Riyad doit notamment diminuer son rendement quotidien d’un million de barils jusqu’à fin 2023 tandis que Moscou a promis de priver le marché de 300.000 barils par jour durant les trois derniers mois de l’année. L’annonce russe d’une restriction des exportations de gazole n’a pas aidé. Mais des craintes sur la demande et l’augmentation considérable des stocks d’essence ont par la suite conduit à un recul des prix important. C’était sans compter sur la reprise du conflit entre le Hamas et Israël, qui a depuis provoqué un nouveau mouvement haussier.