Une nouvelle aide bienvenue. Alors que les prix des carburants continuent de s’envoler depuis le début de l’été et face au refus catégorique des distributeurs de vendre à perte, Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche, dans une interview accordée conjointement aux JT de TF1 et de France 2 une nouvelle aide pour «les Français qui travaillent et qui ont besoin de rouler».
«J’ai demandé au gouvernement, dans le budget qui arrive, de continuer à accompagner les Français qui travaillent et qui ont besoin de rouler», s’est-il ainsi exprimé, ajoutant que c’était «un mécanisme» qui devait «être limité aux travailleurs». Concrètement, cette aide – à l’instar de celle déjà mise en place en début d’année – concernera «les 50% des ménages les plus modestes» qui ont besoin de leur véhicule (voiture, deux-roues, trois-roues, thermique et/ou électrique) pour se rendre sur leur lieu de travail.
C’est-à-dire ceux qui sont situés dans «les cinq premiers déciles». Sachant que la limite du cinquième décile correspond à un revenu fiscal annuel de référence par part inférieur à 14.700 euros, ce qui correspond environ à moins de 1314 euros net par mois pour une personne seule, 3285 euros net par mois pour un couple avec un enfant ou encore 5255 euros net par mois pour un couple avec trois enfants.
«C’est très limité, mais c’est beaucoup plus pertinent», a fait savoir le chef de l’État, qui assume ainsi de ne pas aider «les ménages qui n’en ont pas besoin» ou «les déplacements de confort». «On aide ceux qui en ont besoin pour travailler», a-t-il encore martelé. Avant d’assurer : «Parce qu’au-delà de la pression qu’on met, on ne peut pas mettre certains de nos compatriotes qui ont besoin de rouler pour travailler face à des prix qui sont durablement élevés».
Cette indemnité sera versée «par voiture et par an» et non par foyer. Ce qui signifie que chaque membre d’un couple modeste qui utilise son véhicule pour se rendre sur son lieu de travail recevra cette aide d’un maximum de 100 euros. Le couple pourra donc bénéficier de 200 euros d’aide à l’achat de carburant. Une maigre compensation quand on sait qu’un seul plein avoisine actuellement les 100 euros, avec un litre d’essence à 2 euros. Mais selon les chiffres du ministère de l’Économie, cela représente une aide de l’ordre de 10 centimes d’euro par litre sur l’année, pour une personne qui parcourt en moyenne 12.000 kilomètres par an.
Sur le papier, environ 10 millions de ménages sont «théoriquement» concernés, mais sans doute pas autant en réalité. Pour rappel, une aide similaire avait déjà été mise en place pour l’année 2022 – mais versée en janvier 2023 – et n’avait concerné «que» 4,3 millions de foyers pour un montant de 430 millions d’euros. Pour 2024, l’exécutif table sur le même ordre de grandeur : «Cette mesure est destinée à environ 5 millions de foyers», estimait Bercy dimanche dans la soirée, réfutant l’idée d’un retour du «quoi qu’il en coûte».
D’autant plus que, pour en bénéficier, il faut en faire la demande, communiquer son numéro fiscal, le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule, l’attestation d’assurance de celui-ci ainsi qu’une déclaration sur l’honneur certifiant qu’il est utilisé pour les déplacements domicile-travail.
Et si cette aide vient d’être annoncée en grande pompe par le président de la République en cette fin septembre, elle ne pourra pas être versée avant 2024. Car, comme l’a précisé le chef de l’État dans son allocution, encore faut-il qu’elle soit intégrée au projet de loi de finances (PLF) pour le budget 2024, et qu’elle soit votée par le Parlement.
En janvier dernier, l’aide annoncée avait pris le relais de la remise à la pompe pour tous, arrêtée au 31 décembre 2022, et avait commencé à être versée dans le courant du mois de janvier. Les personnes éligibles pouvaient alors en faire la demande entre le 16 janvier et le 28 février, avant que cette possibilité soit prolongée jusqu’au 31 mars 2023 sur un formulaire mis en ligne sur le site impots.gouv.fr. En effet, près de la moitié des 10 millions de foyers éligibles à cette prime ne l’avaient pas encore demandée à la date butoir.
Néanmoins, cette aide avait «touché sa cible» selon l’expression utilisée par Bercy, alors que jusqu’à 88% des personnes éligibles en avaient fait la demande dans le Pas-de-Calais. Soit 240.000 demandes. De mêmes ordres de grandeurs avaient été constatés dans tous les départements ruraux. Seule la ville de Paris faisait office d’exception, avec seulement 9% des personnes éligibles qui avaient fait la demande. Un faible chiffre qui s’explique notamment selon le ministère de l’Économie par le fait que les Parisiens modestes ne possèdent pas de voiture.