Les accusations de «management brutal» ont eu la peau de Sandrine Treiner. Après huit années passées à la tête de la station, la directrice de France Culture a annoncé ce mardi sa démission à ses collaborateurs dans un mail interne. «C’est avec une grande émotion que j’ai choisi de vous écrire. Ces derniers mois ont été compliqués. Pour notre collectif et pour France Culture que j’aime tant, je veux clore ce moment difficile. C’est pourquoi, en accord avec la direction générale, j’ai décidé de quitter la direction de France Culture», écrit ainsi Sandrine Treiner dans ce mail que s’est procuré Le Figaro.

En septembre dernier, une enquête de Libération intitulée «A France Culture, un système de violence et de soumission venu d’en haut», avait ainsi mis en cause les techniques de management de la direction de l’antenne du groupe Radio France. Une vingtaine de collaborateurs, dont certains journalistes, avaient alors dénoncé «une brutalité et une humiliation subies depuis de longues années». «Les gens sont maltraités, essorés et tristes. Et d’autant plus car c’est une chaîne où l’on vient par ambition intellectuelle et humaniste, et dont certains repartent dégoûtés», témoignait par exemple un journaliste.

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Quatre mois plus tard, Sandrine Treiner a préféré s’effacer avant les conclusions de la mission d’enquête et d’écoute auprès des salariés de France Culture, qui avait été commandée par Radio France auprès du cabinet Alcens. Ce rapport doit être remis dans les prochains jours. «À côté de nos grandes réussites et de tous nos moments de joie partagée, j’ai aussi des regrets. J’ai déjà eu l’occasion de vous les confier. Il va de soi que j’ai fait des erreurs, et j’en suis désolée», affirme-t-elle ainsi dans son mail aux collaborateurs.

«Tout est plus périlleux pour les femmes. J’en ai moi-même fait les frais par le passé. Pour les femmes en responsabilité, d’une manière particulière. Nous voilà soumises à des injonctions contradictoires, subissant largement des représentations sociales bien établies auxquelles parfois nous avons encore du mal à répondre et que parfois malheureusement nous contribuons à entretenir», ajoute par ailleurs Sandrine Treiner.

Arrivée au micro de la station pour faire de la critique culturelle en 2010, elle avait été nommée conseillère de programmes par Olivier Poivre d’Arvor à l’automne 2010, puis directrice de l’antenne à l’été 2015 par Mathieu Gallet.

Sa démission intervient aujourd’hui dans un contexte où France Culture ne cesse d’attirer de nouveaux auditeurs, dans un secteur de la radio pourtant fragilisé. Selon la dernière vague de Médiamétrie, l’audience cumulée de la station de l’univers de Radio France dépasse désormais les 3,1%, avec 1,737 million d’auditeurs chaque jour (soit 25.000 supplémentaires depuis la dernière vague). L’an passé, elle devenait la deuxième radio la plus podcastée du pays. «Pour s’adapter aux nouveaux usages, nous avons basculé dans une logique de plateformisation de notre production, en développant au maximum notre offre numérique», précisait récemment au Figaro Sandrine Treiner. Dans cette stratégie, la radio espère capter un nouveau vivier d’auditeurs, notamment auprès des 13-34 ans.

Désormais, un sentiment de soulagement se mêle à un vent de panique dans les couloirs de France Culture. Avec une incertitude au cœur des débats : qui prendra la succession de Sandrine Treiner? Contactée par Le Figaro, la station n’a pas encore répondu à nos sollicitations.

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