Depuis qu’elle a reçu fin juillet un mail de la région Pays de la Loire, Melody Maillard, mère de trois enfants, est inquiète. En cause, «une situation complexe» dans la gestion des transports scolaires face à une pénurie de chauffeurs. «Certains circuits pourraient être adaptés», précise la région, qui assure que les familles seront informées «à compter du 24 août».
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Pour cette résidente du petit bourg de Jupilles dans la Sarthe, lesdits cars sont pourtant essentiels : « Mon aîné a 12 ans, il est scolarisé dans un collège à 20 kilomètres et il doit prendre deux cars pour s’y rendre. Pour mon second, je suis déjà obligée de payer un taxi pour qu’il soit déposé chaque jour dans son école spécialisée», témoigne-t-elle. La pénurie de chauffeurs a déjà rendu plus complexe les trajets par le passé : «J’ai vu mon garçon être bloqué dans une commune au milieu du trajet, parce que l’un des deux cars avait du retard ou ne passait pas», précise Melody, « avant, il y avait un chauffeur attitré pour le trajet du car, désormais il change constamment».
« Habituellement nous recrutons, par an, environ 10.000 chauffeurs de cars scolaires. À l’heure actuelle, les entreprises n’en ont trouvé que la moitié», rapporte, de son côté, Isabelle Ingrid Marechal, déléguée générale de la Fédération nationale des transports voyageurs (FNTV). Selon elle, le Pays de la Loire a besoin d’au moins «700 chauffeurs» supplémentaires et il faudrait en recruter « 7500 sur l’ensemble du territoire».
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De fait, dans d’autres régions comme en Auvergne-Rhône-Alpes où il manque un peu plus de 1000 chauffeurs, les nouvelles recrues sont rapidement mises au travail. Une situation qui peut réserver d’autres surprises aux familles : «Un matin, c’est mon fils de 13 ans qui a dû signaler au chauffeur qu’il était en train de se tromper de trajet», se souvient Caroline*, dont les enfants sont scolarisés à Thonon-les-Bains. «Parfois, par manque de cars, celui qui passait était bondé et les élèves étaient debout. Vers la fin de l’année, certains véhicules ne passaient même plus et, ce, sans prévenir», ajoute cette mère seule et dans l’obligation de s’adapter pour remédier à ces imprévus. « La région et Thonon agglomération se renvoient la balle au niveau des difficultés rencontrées. Pour septembre, nous n’avons pas d’informations et nous ne sommes pas sûrs que certaines lignes soient maintenues », renchérit, agacée, Nathalie*, mère d’un adolescent scolarisé, lui aussi, à Thonon.
«Pour inciter de futurs chauffeurs à venir, on leur finance le permis transports en commun à hauteur de 7000 euros», entame Gilles Lefebvre, directeur de l’entreprise Transdev, en charge de la gestion des transports scolaire dans le centre de la France. Face à la pénurie de conducteurs, le chef d’entreprise n’est pas en manque d’idées : « On fait du cas par cas désormais et on essaie de trouver la solution la plus adaptée à l’employé. Par exemple, on incite beaucoup les travailleurs autour de 50- 55 ans à nous rejoindre afin de compléter leurs trimestres pour la retraite et finir leurs carrières chez nous».
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Toutefois, Gille Lefebvre le reconnaît, le principal problème vient des contrats à temps partiel. Il milite pour revoir le fonctionnement des marchés publics : « L’idéal ce serait d’avoir des marchés publics étendus et qui donneraient à l’entreprise la gestion non pas simplement du transport scolaire mais, aussi, d’autres lignes. Ce qui nous permettrait de proposer une amplitude horaire plus importante à nos conducteurs», rapporte-t-il. De son côté, Melody Maillard, comme les autres mères interrogées, a quand même repris l’abonnement pour son fils : « Je n’ai pas le choix et, de toute façon, on est obligés de reprendre l’abonnement dès juillet pour ne pas payer plus cher ensuite, mais on s’inscrit sans savoir si le car passera toujours par chez nous», conclut, amère, la jeune femme.
*Le prénom a été modifié