La chirurgie de la cataracte est l’opération la plus réalisée en France avec près de 1 million d’interventions en 2022. Cette pathologie liée à l’âge résulte de l’opacification du cristallin suite à la formation d’amas de particules à l’intérieur de l’organe. Le cristallin est une lentille naturelle transparente derrière l’iris, qui permet aux rayons lumineux de converger à l’intérieur de l’œil pour se concentrer sur la rétine. L’opacification bloque cette transmission et menace à terme de cécité.
Environ 5 % des individus sont concernés au-delà de 65 ans, et plus d’un quart après 80 ans. Simplement gênante au début sous la forme d’une sensation de «verres sales», de halos et d’éblouissements, la cataracte devient progressivement très invalidante. La baisse de vision progressive limite les activités quotidiennes avec des difficultés à lire, à regarder la télévision, à conduire… La chirurgie est alors la seule option thérapeutique et peut être effectuée à n’importe quel âge, y compris très avancé. Actuellement, la moyenne est de 72-73 ans.
L’opération a lieu en ambulatoire et dure habituellement de quinze à trente minutes. Elle consiste à retirer le cristallin pour y placer une lentille artificielle aussi appelée «implant intraoculaire». L’opération a lieu sous anesthésie locale obtenue par instillation de gouttes ou d’un gel dans l’œil et celui-ci est maintenu ouvert par un écarteur à paupière.
Le chirurgien pratique une petite incision de 2,2 millimètres, puis introduit une sonde à ultrasons dans le sac cristallin afin d’en désagréger le contenu et de l’aspirer. Il place ensuite l’implant qui aura été soigneusement choisi en fonction du patient. En effet, cette opération ne permet pas seulement de traiter la cataracte, mais aussi de corriger la vision en général, presbytie, myopie, hypermétropie ou encore astigmatisme.
«La chirurgie de la cataracte, qui permet de compenser les défauts de vision, rend possible dans bon nombre de cas le retrait des lunettes en postopératoire. On parle de chirurgie réfractive», explique le Pr Béatrice Cochener, chirurgien ophtalmologiste au CHRU de Brest et présidente du Conseil national professionnel de l’ophtalmologie.
Des implants «monofocaux» corrigent la vision de loin ou celle de près. Les «multifocaux» divisent la lumière en plusieurs foyers pour des mises au point à différentes distances. Des implants, appelés «Edof» pour profondeur de champ étendue, améliorent la vision de loin et intermédiaire, en évitant la formation de halos et une baisse du contraste qui résultent parfois des corrections multifocales. Tous ces produits peuvent en outre être «toriques» pour corriger en plus un astigmatisme… «Il y a eu d’importantes avancées techniques, offrant désormais beaucoup de possibilités en fonction de chaque situation individuelle», résume Béatrice Cochener.
Après la chirurgie, la vue s’améliore généralement dès le lendemain. L’opération se passe bien dans l’immense majorité des cas, toutefois le risque de complication n’est pas nul ; rupture du sac cristallin, infection, œdème… «Ces événements sont rarissimes, rappelle le Dr Barbara Ameline, chirurgien ophtalmologiste à Paris et vice-présidente de la Société française d’ophtalmologie. Et nous obtenons le résultat escompté en matière de correction visuelle dans plus de 90 % des cas.» Toutefois, cette opération soulève une certaine inquiétude chez un grand nombre de patients car les yeux sont un organe précieux. La consultation de départ est généralement bien plus longue que l’opération elle-même pour les rassurer!