Préservatif, implant, pilule, stérilet…. Les contraceptifs féminins se déclinent sous de multiples formes. Avec ou sans hormones, ils ne sont pas dépourvus d’effets secondaires et leur tolérance varie selon les femmes. Quels sont les différents moyens de contraception chez la femme ? Quelle est leur efficacité ? Sont-ils tous remboursés ? Explications avec le Pr Geoffroy Robin, maître de conférences des universités, praticien hospitalier en médecine de la reproduction et de la gynécologie médicale au CHU de Lille, secrétaire général du collège national des gynécologues et obstétriciens français.

« Le premier critère va être le choix de la patiente. Si elle préfère une méthode mécanique, on se tournera vers une méthode non hormonale », explique Geoffroy Robin. Néanmoins, ces méthodes ne sont pas tolérées de la même manière par toutes les femmes et restent limitées en termes de choix. « Outre le préservatif, la seule méthode mécanique médicalisée est le DIU au cuivre. Cependant son utilisation ne convient pas toujours, en raison de douleurs menstruelles par exemple », continue le médecin. Idem pour les contraceptions hormonales : en fonction du type d’hormones, elles auront plus ou moins d’effets secondaires et peuvent induire des risques en cas des contre-indications vasculaires.

Le préservatif féminin : il se présente sous forme d’une longue gaine de nitrile ou de polyuréthane (en cas d’allergie). Fermé à l’une des extrémités, il vient se plaquer contre le col de l’utérus. Cette forme rend ainsi le milieu intra utérin inaccessible aux spermatozoïdes. Pour une utilisation optimale, le préservatif doit parfaitement adhérer aux parois du vagin. On peut le placer jusqu’à 4 heures avant le rapport sexuel. Il possède une efficacité d’environ 85% mais contrairement aux autres moyens contraceptifs, il est le meilleur dispositif de protection contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) en l’absence de tests préalables réalisés par les partenaires.

Les spermicides se présentent sous la forme de comprimés vaginaux, d’ovules ou de crèmes à appliquer dans le vagin avant le rapport sexuel. Si la crème est immédiatement efficace, il faudra compter au moins 10 à 15 minutes aux ovules et comprimés pour se désagréger. « Très sous-estimés, les spermicides sont pourtant très efficaces lorsqu’ils sont combinés à d’autres contraceptifs du type préservatif », déclare le Pr Robin. Certains préservatifs ont d’ailleurs des spermicides intégrés à leur membrane.

Le dispositif intra utérin (DIU) au cuivre ou stérilet en cuivre : muni d’un fil en cuivre, il possède une forme en T d’environ 3 cm de long. Le cuivre inactive les spermatozoïdes en les rendant moins mobiles pour les empêcher de remonter dans la trompe qui abrite l’ovule. Son point fort est qu’il possède une grande efficacité sur une longue période (de 4 à 10 ans). « Néanmoins, il conviendra seulement aux femmes qui possèdent des cycles réguliers, dont les règles ne sont ni douloureuses, ni abondantes car il ne réglera pas des problèmes de régularité des cycles et aura même tendance à exacerber la douleur et l’abondance des règles », insiste Geoffroy Robin. La pose du stérilet et exclusivement réalisée par gynécologue ou une sage-femme.

Le diaphragme et la cape cervicale sont deux dispositifs assez similaires, composés de silicone ou de latex et possédant une forme de coupelle pour le diaphragme ou d’un dôme pour la cape. Les utilisatrices peuvent l’insérer directement dans le vagin jusqu’à deux heures avant le rapport et le conserver minimum 8 heures après, jusqu’à 24 heures. Si besoin, il est possible d’utiliser un lubrifiant. « Un inconvénient est que lors de la pose par la femme, un maniement vaginal complexe et parfois contraignant est nécessaire. De plus, ces dispositifs doivent être adaptés à la morphologie de la patiente ce qui nécessite des examens préalables, une appréciation de la taille du col, de la tonicité de la paroi vaginale », indique le gynécologue. L’autre inconvénient est qu’ils sont moins efficaces que d’autres moyens contraceptifs, ce pour quoi il est conseillé de les associer à des spermicides. « Cape et diaphragme dispositifs sont généralement adaptés aux femmes après 40 ans où la fertilité spontanée naturelle est un peu plus faible et/ou aux femmes qui souhaitent un contraceptif », précise le Pr Robin.

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Les pilules œstroprogestatives contiennent des œstrogènes et un progestatif de synthèse. Elles agissent par une triple action en bloquant l’ovulation, en rendant plus fine la muqueuse utérine afin d’empêcher la fixation de l’œuf fécondé et en épaississant la glaire (sécrétée par le col de l’utérus) pour empêcher les spermatozoïdes de franchir le col. De manière générale, on prend quotidiennement un comprimé pendant 3 semaines suivi de 7 jours d’arrêt où surviennent les règles. Il existe aussi des pilules à prendre en continu. La seule différence est qu’il n’y a jamais d’arrêt entre deux plaquettes de manière à ne pas oublier de démarrer la nouvelle après 7 jours d’arrêt. « Dans tous les cas, ces pilules présentent une très grande efficacité contraceptive, de l’ordre de 99% », signale le Pr Robin.

Parallèlement à leur effet contraceptif, elles sont utilisées pour réduire l’acné, lutter contre une pilosité excessive (hirsutisme), régulariser les cycles et limiter l’apparition de saignements intempestifs. « Par rapport à d’autres contraceptifs, ces pilules diminuent de 30% le risque de développer un cancer du côlon ou rectum, protège du cancer des ovaires, et limite l’ostéoporose. L’inconvénient est que les œstrogènes peuvent induire des modifications de la coagulation qui favorisent un risque de thrombose, bien qu’il soit très rare (0,02 à 0,04% par an)», explique le médecin. Ainsi ce type de pilule est contre-indiqué aux femmes à risque cardiovasculaire ou souffrant d’obésité et de diabète.

Les pilules progestatives délivrent uniquement un progestatif de synthèse. Elles contiennent toutes 28 comprimés actifs et se prennent donc toujours en continu. « On les prescrit soit aux femmes ayant des contre-indications vasculaires, soit aux femmes qui ne tolèrent pas les pilules oestroprogestatives », indique le Pr Robin. Le seul problème des progestatifs est qu’ils ont tendance à atrophier la muqueuse utérine, entraînant des saignements indésirables.

L’implant : bâtonnet à insérer au niveau du bras, il délivre un progestatif de synthèse (l’étonorgestrel) dérivé de l’hormone progestérone. Seuls les gynécologues et sages-femmes sont compétents pour procéder à la pose d’un implant car cela nécessite une anesthésie locale. Une fois appliqué, ce dispositif est efficace pendant 3 ans, « et ce, même chez les femmes souffrant d’obésité – contrairement aux idées reçues », souligne le médecin. Selon ce dernier, le principal inconvénient est qu’il peut être mal toléré, et donc dérégler le cycle menstruel : « parmi les femmes qui tolèrent bien l’implant, 30 % sont normalement réglées et 30% ne le sont pas. Le problème est que le reste des utilisatrices, 30 à 40%, présenteront des règles irrégulières, des problèmes de « spotting » (des petites gouttes de sang régulières au cours du mois), voire seront réglées 10 à 15 jours tous les mois ». Ces effets sont d’autant plus contraignants pour les femmes en terrain d’endométriose ou qui ont déjà des règles naturellement douloureuses. C’est pourquoi le taux de retrait de l’implant un an après la pose est important.

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Le dispositif intra utérin (DIU) hormonal ou « stérilet hormonal » est posé par un gynécologue directement dans le col de l’utérus. Contrairement au stérilet en cuivre, il contient un petit réservoir qui délivre localement une hormone progestative, rendant l’environnement intra-utérin hostile aux spermatozoïdes via la coagulation de la glaire cervicale, l’affinement de l’endomètre et le blocage de l’ovulation. Ce moyen contraceptif est généralement très bien toléré et possède une très bonne efficacité, pendant 3 à 5 ans selon les modèles.

L’anneau vaginal (nuvaring et son générique etoring): « il s’agit d’une méthode de contraception très efficace qui agit comme une pilule œstroprogestative minidosée », explique Geoffroy Robin. Une étude publiée par une équipe américaine en 2013 dans la revue Contraception, a d’ailleurs montré que les taux d’hormone dans le sang avec l’anneau vaginal étaient très stables jusqu’à 6 semaines après la pose. Cet anneau se place dans le vagin au début des règles soit pour une durée de trois semaines (un saignement étant induit la dernière semaine du cycle), soit de quatre semaines pour les femmes qui souhaitent rester en aménorrhée. L’avantage est qu’il présente moins de risque d’oubli que la pilule, et qu’il va avoir tendance à « complètement lisser les fluctuations hormonales chez les patients souffrant d’un syndrome prémenstruel (irritabilité, anxiété, agitation etc.)», poursuit le médecin. Les contre-indications sont les mêmes que pour la pilule œstroprogestative.

Le patch vaginal : il contient une association d’œstrogènes et de progestérone micro-dosée. Pour une efficacité optimale, les femmes doivent appliquer un patch par semaine pendant au moins 3 semaines consécutives puis le retirer à la quatrième semaine du mois où surviennent les règles. Si la patiente ne souhaite pas avoir ses règles, le patch peut être pris en continu. « Ce moyen présente les mêmes effets secondaires que les pilules contenant des œstrogènes ou l’anneau vaginal. L’inconvénient est qu’il a tendance à se détacher selon le type de peau », explique le Pr Robin.

Les contraceptifs injectables : L’injection contraceptive, vendue sous le nom de depo provera, s’adresse aux femmes qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser la pilule ou un stérilet. Cela consiste à injecter une dose importante d’une hormone progestative qui va complètement bloquer la fonction ovarienne pendant 3 mois. Cette méthode est d’une très grande efficacité. En revanche, elle cumule certains inconvénients : elle favorise la prise de poids chez 45% des patientes et accroît le risque de thrombose veineuse et d’hypertension. Autre constat : les doses sont tellement importantes qu’elles s’accumulent jusqu’à bloquer l’ovaire et engendrer des signes de ménopause : « Il n’y a que 50% des femmes qui retrouvent leurs cycles après 6 mois d’arrêt. Pour le reste des utilisatrices, les cycles reviennent la plupart du temps, mais bien après », alerte le médecin.