La pression du sang dans les artères (qui transportent le sang oxygéné du cœur vers les organes) varie constamment au cours d’une journée dans une gamme de valeurs considérées comme normales. Mais une chute de tension trop forte n’est pas anodine. Cette «hypotension» est susceptible d’induire des symptômes désagréables, voire une perte de connaissance. Quels sont les signes d’une hypotension ? Est-ce toujours grave ? Comment faire remonter sa tension ? Le Figaro fait le point avec Gérard Helft, cardiologue à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et professeur à Sorbonne université.
« La pression artérielle, également nommée tension artérielle, correspond à la force exercée par le sang sur les parois des vaisseaux sanguins à mesure qu’il circule dans le corps», explique Gérard Helft. . En pratique, les médecins distinguent deux pressions :
Lors d’un examen, le médecin prend chacun des deux valeurs qui sont énoncées l’une après l’autre et exprimées en millimètre de mercure (mmHg). La pression est considérée comme normale lorsqu’elle est comprise entre 90/60 mmHg (c’est-à-dire une pression systolique de 90 mmHg et une pression diastolique de 60 mmHg) et 120/80 mmHg. Dans le langage courant, toutefois, la tension artérielle s’exprime plutôt en centimètres de mercure (cmHg). On dira alors que la tension normale se situe entre 9/6 (cmHg) et 12/8 (cmHg).
«L’hypotension correspond à une diminution de la pression sanguine de plus de 20 mmHg, ou 2 cmHg, lorsque l’on passe de la position couchée ou assise à la position debout», explique Gérard Helft . On parlera alors d’hypotension orthostatique ou d’hypotension posturale. Lorsqu’une hypotension orthostatique survient juste après un repas, on la qualifie d’hypotension postprandiale. « Cela s’explique par le fait qu’après s’être alimenté le système digestif va nécessiter une grande quantité de sang au détriment de la vascularisation cérébrale », explique le cardiologue.
En cas d’hypotension, il existe un risque que toutes les parties du corps ne soient pas suffisamment «irriguées». Certains organes peuvent manquer d’oxygène ou de nutriments, et les déchets ne pas être correctement éliminés.
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Qu’il s’agisse d’une hypotension orthostatique ou postprandiale, les symptômes sont similaires : vertiges, étourdissement, sensation d’avoir un voile devant les yeux, nausées et faiblesse généralisée. «Dans les cas les plus graves, l’hypotension provoque une perte de connaissance (syncope) ainsi qu’une perte de tonus postural ce qui augmente le risque de chutes potentiellement graves, comme celles engendrant une fracture du col du fémur », indique le Pr Helft, en particulier chez les personnes âgées.
Chez ces dernières, une hypotension est aussi susceptible d’entraîner un état de choc. Une chute de tension trop brutale peut en effet endommager le fonctionnement normal des organes essentiels, comme le cerveau et les reins.
Si la baisse de tension ne s’accompagne d’aucun symptôme, alors «il n’y a pas d’inquiétude à avoir », précise le médecin. Une tension trop basse est en effet moins délétère pour le système cardiovasculaire qu’une hypertension. Dans ce 2e cas, les artères ont tendance à se resserrer, obligeant le cœur à travailler plus fort pour pomper le sang, ce qui augmente par exemple le risque d’infarctus du myocarde.
Si tout le monde peut connaître une chute de tension de temps à autres en se levant trop vite, le problème est parfois plus systématique. Les principaux facteurs de risque sont :
Mais l’hypotension peut aussi avoir d’autres causes, qu’elles soient :
Le médecin mesure la tension du patient à deux reprises à l’aide d’un tensiomètre, d’abord au repos en position couchée ou assise puis en station debout. « Si la tension artérielle baisse de plus de 20mmHg dans les 3 minutes après s’être levé, alors il s’agit d’une hypotension orthostatique », explique Gérard Helft.
Pour les sujets familiers avec des problèmes de tension ou souffrant de maladies cardiovasculaires, il est particulièrement recommandé de se munir d’un tensiomètre à la maison afin de réaliser soi-même un prédiagnostic lorsque l’on pense avoir des symptômes caractéristiques. De tels appareils s’achètent en pharmacie et sont facilement utilisables. Toutefois ils ne remplacent en aucun cas une visite médicale car seul un généraliste pourra déterminer les causes et prescrire un traitement adapté.
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« Si l’on a réussi à identifier la cause, on pourra facilement traiter le patient en agissant aux racines du problème », explique Gérard Helft. Si la baisse de tension coïncide avec la prise de médicaments connus pour perturber le flux sanguin, le médecin recommandera d’arrêter de le remplacer par un autre ou de l’arrêter s’il n’est pas indispensable.
En fonction des patients, on pourra soigner un problème d’hypotension à l’aide de simples mesures hygiéno-diététiques. « On peut recommander d’augmenter la proportion de sel dans son alimentation à hauteur de 6 à 10g par jour », indique le cardiologue. En temps normal, le sel est déconseillé parce qu’il favorise l’hypertension. Cependant il peut aider à remonter une pression trop basse car le chlorure de sodium agit en retenant l’eau dans les artères. Pour autant, il est important de demander l’avis d’un médecin avant de prendre l’initiative d’augmenter sa consommation de sel car « un individu en hypotension peut aussi souffrir d’hypertension voire d’une pathologie cardiaque, ce qui risque d’aggraver son état de santé », alerte le cardiologue.
D’autres mesures d’hygiènes consisteront à porter des bas de contention pour éviter que le sang stagne dans les jambes. Il est également conseillé de bien s’hydrater, d’éviter les boissons alcoolisées, de ne pas s’exposer à des chaleurs excessives ou de prendre de trop gros repas. Certaines boissons riches en sodium, le café et le thé peuvent aussi être bénéfiques pour stimuler la circulation, mais risquent de déshydrater l’organisme sur le long terme.
« Dans le cas où ces mesures sont insuffisantes, il faudra passer par un traitement médicamenteux », souligne le cardiologue. Le médicament le plus souvent prescrit est la fludrocortisone (Florinef) mais il en existe d’autres. Dans tous les cas, un avis médical est nécessaire pour éviter le risque de complications.