Le mouvement de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites menace-t-il les vacances de février ? Ce scénario n’est pas exclu, au vu de la fermeté du gouvernement, à laquelle les syndicats répondent par un front toujours uni.

Sur le plateau du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro dimanche, Philippe Martinez a ainsi ouvert la porte à de nouvelles mobilisations pendant les vacances. «À partir du moment où le gouvernement s’entête sur ce qui fait conflit, oui, il y a possibilité qu’il y ait des journées d’action pendant les vacances scolaires», a déclaré le secrétaire général de la CGT. Pour rappel, les vacances d’hiver ne sont pas les mêmes en fonction des trois zones (A, B et C). Elles s’étalent ainsi sur un mois. Cette année, elles s’étendent du 4 février (pour le début des vacances de la zone A) au 6 mars (fin des vacances de la zone C).

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Interrogé ce mercredi sur l’éventualité de journées d’action durant les vacances, Laurent Berger a lui préféré évacuer la question. «On n’est pas encore aux vacances ! Aujourd’hui, ce qui est important, c’est la mobilisation du 31 (janvier). Le 31 au soir, on (les syndicats) se regroupera pour décider ensemble de ce que l’on fait. Pour le reste, je n’ai pas de commentaire», s’est agacé le patron de la CFDT lors d’un point presse, devant l’Assemblée nationale, aux côtés des sept autres leaders syndicaux.

Malgré tout, certains secteurs voient déjà plus loin que la prochaine journée de mobilisation intersyndicale et interprofessionnelle du 31 janvier. C’est le cas par exemple à la SNCF. La CGT Cheminots et SUD-Rail ont dit mardi vouloir multiplier les journées d’action dans les prochaines semaines. Les salariés trancheront après la journée d’action du 31 janvier : les organisations syndicales proposent en effet une «séquence de deux jours consécutifs de grève», les mardi 7 et mercredi 8 février, soit juste après le début des vacances scolaires pour la zone A. Ensuite, une autre mobilisation pourrait prendre la forme d’une «grève reconductible par périodes de 24 heures», envisagée «dès la mi-février». De quoi potentiellement perturber les départs en vacances des habitants des zones B et C de l’Hexagone, qui démarrent respectivement les 11 et 18 février. Mais également, peut-être, les retours de vacances.

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Le scénario du précédent mouvement social contre une réforme des retraites, qui à la SNCF avait duré de longues semaines entre fin 2019 et début 2020, va-t-il se répéter ? À l’époque, les quatre syndicats représentatifs que sont la CFDT Cheminots, SUD-Rail, l’UNSA Ferroviaire et la CGT Cheminots avaient tous appelé à une grève reconductible. Pour l’heure, seule la CGT Cheminots s’est dite favorable à un tel mode d’action. SUD-Rail n’étant «pas fermé au principe», tandis que l’UNSA Ferroviaire et la CFDT Cheminots «n’ont pas souhaité donner suite à cette proposition pour l’heure».

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Le ferroviaire n’est pas le seul secteur qui fait naître des inquiétudes : pour les vacanciers qui choisiraient de se rendre sur leur lieu de villégiature en voiture, la mobilisation contre la réforme des retraites pose aussi la question de l’approvisionnement en carburants. En effet, en plus d’une grève de 48 heures pour ce jeudi 26 janvier, la branche pétrole de la CGT a déjà appelé à une grève de 72 heures le 6 février, soit aux débuts des vacances scolaires de la zone A. À cette date sera proposée aux salariés pétroliers une «grève reconductible» avec «si nécessaire, l’arrêt des installations de raffinage», peut-on lire dans le communiqué de la fédération cégétiste.

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Pour l’heure, les acteurs du secteur comme le gouvernement se veulent rassurants, écartant tout risque de pénurie. «Les stocks existent, ils ont été reconstitués depuis le mouvement (social) de l’automne», a déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur Franceinfo le 13 janvier dernier. «Nous avons virtuellement un mois de stock de carburant», a estimé le même jour sur France Bleu Francis Pousse, président de la branche stations-service du syndicat professionnel Mobilians, tout en appelant à ne pas céder au «plein de précaution». «Les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau satisfaisant», a confirmé TotalEnergies ce mercredi.

Les amateurs de sports d’hiver qui auront rejoint leur lieu de villégiature ne seront pas non plus épargnés. Dans les stations de ski, le mouvement social contre la réforme des retraites pourrait potentiellement gâcher les séjours des Français, alors que les deux principaux syndicats des remontées mécaniques, la CGT et Force ouvrière (FO), ont déposé un préavis de grève «illimité» à partir du 31 janvier. «On a décidé d’appeler à la grève pendant les vacances de février, car les revendications seront mieux entendues lors de cette période», a reconnu Eric Becker, secrétaire général FO des remontées mécaniques.

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Bien qu’illimité, ce préavis de grève ne signifie pas que ces installations seront mises à l’arrêt indéfiniment. L’idée est de «permettre aux saisonniers de participer à la prochaine journée de mobilisation contre la réforme des retraites (après le 31 janvier), qui devrait être décidée pour un jour de février», a expliqué Eric Becker. Et donc de coller aux dates de mobilisation interprofessionnelle. Toutefois, la CGT laisse toute latitude aux agents. «Pour nous, les grévistes décident des modalités de la grève», a précisé mardi sur BFMTV Pierre Scholl, représentant national cégétiste des remontées mécaniques. De quoi susciter l’ire du gouvernement : sur France Bleu Pays de Savoie mardi, la ministre déléguée chargée du Tourisme Olivia Grégoire a appelé «au respect des vacances des touristes mais aussi au respect de tout le boulot que font les acteurs économiques de la montagne».

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