Les semaines se suivent et se ressemblent… Pour la cinquième fois ce jeudi 16 février, les organisations syndicales appellent à poursuivre le mouvement social contre la réforme des retraites. Tandis que l’examen des quelque 16.000 amendements restants continue toute la semaine à l’Assemblée nationale, l’intersyndicale enjoint les Français à prolonger la lutte dans la rue. Ce samedi, la mobilisation était toujours forte avec la participation renforcée des salariés du privé. Près de 933.000 manifestants ont été décomptés dans tout l’Hexagone, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur. Un succès sous-estimé pour la CGT qui n’en dénombrait pas moins de 2,5 millions. Les principaux syndicats à la baguette (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) espèrent bien renouveler la performance lors de la prochaine «journée nationale d’action interprofessionnelle» du 16 février. Le Figaro fait le point sur les actions attendues.

Sans surprise, des manifestations se tiendront dans toute la France jeudi. Dans un communiqué conjoint, les huit centrales déclarent que « les secrétaires généraux ou présidents des organisations syndicales manifesteront à Albi pour appuyer l’ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes». Mais à la différence de samedi dernier, où l’appel à la grève n’était pas de mise pour ne pas compliquer le chassé-croisé des vacances d’hiver, jeudi prochain sera bien une journée de mobilisation interprofessionnelle, marquée par des perturbations dans plusieurs secteurs.

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La CGT, dont le patron Philippe Martinez s’était prononcé pour des «grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, et reconductibles», a appelé les salariés des secteurs des transports et de l’industrie à débrayer pendant 24 heures. Cheminots, dockers, électriciens, gaziers, salariés de la chimie et du verre devraient donc lever le pied et le poing jeudi prochain.

Toutefois, les perturbations devraient moins peser sur le quotidien les Français. Dans le secteur des transports ferroviaires, la grève de jeudi ne devrait pas engendrer trop de suppressions ou de retards de trains. La mobilisation de jeudi 16 février sera «moins suivie par les cheminots», assure Fabien Dumas, secrétaire fédéral SUD-rail, qui estime que les grévistes seront surtout «des militants et syndiqués habituels». «Nous sommes bien conscients qu’un empilement de journées de grève peut peser douloureusement sur les salaires et ne fait jamais plier un gouvernement. Ce que font en revanche des blocages reconductibles comme ceux de 1995 ou du 7 mars prochain». D’avantages de précisions sur les perturbations dans le secteur des transports seront disponibles mardi soir, une fois les plans de trafic communiqués.

Dans les secteurs de l’éducation, de l’énergie et de l’industrie, des débrayages sont également prévus, mais sans doute de moindre ampleur en comparaison à la mobilisation du 7 mars prochain. Les aéroports pourraient également être touchés, à l’image de celui d’Orly où les contrôleurs aériens ont fait une grève surprise samedi. Malgré tout, la journée du 16 février est surtout symbolique. La France étant en pleine période de vacances d’hiver (excepté l’Occitanie et l’Ile-de-France), le nombre de grévistes devrait sensiblement chuté, notamment dans le secteur de l’éducation. «Il était impensable pour les syndicats de ne pas se mobiliser alors que le texte de la réforme des retraites est débattu à l’Assemblée nationale» explique Yvan Ricordeau, secrétaire nationale de la CFDT.

Les organisations syndicales préviennent toutefois que «si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, l’intersyndicale appellerait les travailleurs et les travailleuses, les jeunes et les retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain». Frédéric Souillot, le patron de Force Ouvrière, déclarait sur BFMTV avoir mis en garde Élisabeth Borne au téléphone : «Si nous ne sommes pas entendus, […] on va durcir le mouvement». Fabien Dumas, secrétaire fédéral de SUD-rail, table quant à lui sur une mobilisation massive dans le secteur ferroviaire, SUD-rail, la CGT-Cheminots et l’intersyndicale RATP ayant déjà appelé à une grève massive et reconductible. Des cheminots ont ainsi déjà déposé leurs déclarations d’intention de grève alors que cela est possible jusqu’à 48h avant le jour J.

Toutefois, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a précisé de son côté ne pas encore être «dans la logique de la grève reconductible» et que «ce n’est pas un appel à la grève générale» non plus, expliquant que le 7 mars fera l’objet d’un «appel à la grève de 24 heures mais pas forcément davantage». Comme le rappelle au Figaro Yvan Ricordeau, le mot «reconductible» n’apparaît pas dans le communiqué commun. La journée du 7 mars devrait surtout se traduire par une mobilisation «plus musclée», avec des actions diversifiées et renforcées.

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