Alors que l’engouement pour ChatGPT ne faiblit pas – le site a déjà dépassé les 100 millions d’utilisateurs – un nouvel outil d’intelligence artificielle pourrait à son tour créer l’émoi. Il s’agit d’ Al Food Generator, un générateur d’images permettant de créer une photo de plat en quelques secondes à partir d’une simple description. À l’origine de l’outil, la start-up américaine LunchBox, spécialisée dans la conception de logiciels pour la restauration. Pour créer ce service inédit, la start-up s’est appuyée sur la technologie Dall-E développée par OpenAI, l’entreprise qui a mis au point ChatGPT. Comme le fameux chatbot, Al Food Generator est accessible gratuitement à l’ensemble des internautes à travers le monde. Depuis son lancement le 19 janvier dernier, le site aurait déjà généré plus de 175 millions d’images de plats.
À lire aussi«Pourquoi ChatGPT est plus important que la réforme des retraites»
Ces photos créées de toute pièce par l’IA se retrouveront-elles sur les menus virtuels de nos restaurants favoris ? C’est toute la question. Al Food Generator édite des clichés uniques et libres de droit, une aubaine pour les établissements qui ne peuvent s’offrir les services de photographes professionnels. «Nous voulions fournir aux petits et nouveaux restaurants un accès aux mêmes outils que ceux proposés par les grandes plateformes payantes», explique le PDG de LunchBox Nabeel Alemgir dans les colonnes de Business Insider. L’intention est louable, mais encore faut-il que le service proposé tienne (vraiment) ses promesses. Pour se faire une idée, rien de plus simple, il suffit d’essayer.
L’outil permet d’entrer une description étoffée, mentionnant l’ensemble des ingrédients du plat en question, mais mieux vaut s’en tenir à un seul mot-clé, comme «brownie» ou «tarte aux pommes». Pour ces mets standardisés, le résultat est plutôt probant. Mais quand l’intelligence artificielle s’attaque aux classiques de la gastronomie française, c’est beaucoup moins convaincant: enseveli sous une sauce opaque et grisâtre le «bœuf bourguignon» ne donne pas vraiment envie, pas plus que la «blanquette de veau», où l’on croit discerner d’étranges coquilles de crustacés. Peu de risque, a priori, de voir les restaurateurs français s’emparer de ce nouvel outil de sitôt. D’autant qu’à l’heure des réseaux sociaux, une bonne communication visuelle s’avère déterminante pour les acteurs de la restauration. «Dans le secteur de la restauration, ceux qui tirent leur épingle du jeu – petits établissements ou grandes chaînes – sont ceux qui misent sur le parti pris visuel, la scénographie, la communication» indiquait Dan Cebula, fondateur du cabinet de consulting Depur Expériences pour Néo Restauration en janvier dernier. Sur Instagram, les photos culinaires postées par les restaurateurs se font effectivement concurrence, toutes plus soignées les unes que les autres. À côté, les créations approximatives générées par Al Food Generator risquent de faire pâle figure.
À lire aussiAurélie Jean : «Twitter, Facebook, TikTok et Instagram sont des éditeurs, et non de simples hébergeurs»
Sans compter que la photo doit rester fidèle au plat effectivement servi, sous peine de provoquer l’ire des clients. «Pour les enseignes traditionnels, comme pour les marques virtuelles (dark kitchen), le juge de paix reste la qualité de restitution du produit servi ou livré», explique François Charpy, fondateur de Food Strategy