La réunion s’est soldée par un nouvel échec. Conviés mercredi à l’Hôtel de Matignon, les responsables syndicaux ont coupé court au bout d’une petite heure à la rencontre avec Élisabeth Borne, dénonçant le «jusqu’au-boutisme» de l’exécutif. Malgré des signaux d’ouverture, l’intersyndicale s’est une fois de plus heurtée au refus de la première ministre de revenir sur le report de l’âge de départ à la retraite.
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Une entrevue infructueuse dont la moitié des Français jugent Élisabeth Borne seule responsable, comme le révèle notre dernier sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Parmi les fervents opposants à la réforme, les trois quarts des sympathisants de La France insoumise (76%) et du Rassemblement national (73%) pointent sans surprise sa responsabilité dans l’échec de la réunion. Les torts sont néanmoins partagés pour 35% des sondés qui estiment la première ministre et les syndicats «autant responsables» de ce dialogue de sourds.
Même les sympathisants du camp présidentiel (45%) désavouent partiellement leur chef de file, lui reconnaissant toutefois une part de responsabilité. Signe que la question divise, ils sont autant dans leurs rangs (45%) à rejeter la faute sur les responsables syndicaux. À l’inverse, seuls 15% des Français accusent l’intersyndicale d’avoir fait capoter la discussion.
Preuve que «l’entêtement» du gouvernement ne démobilise pas pour autant l’opinion, selon l’institut de sondage : 64% des Français soutiennent le mouvement social, soit une légère baisse de 2 points par rapport au 30 mars. Un soutien qui demeure «élevé» et dont le niveau a oscillé entre 62% (le 15 mars) et 71% (le 2 février) depuis le début du conflit. Malgré le recul de mobilisation enregistré lors des deux dernières éditions, six Français sur dix (59%) pensent que la contestation va perdurer, et même devenir de plus en plus violente. «Les Français ne soutiennent pas la violence mais imaginent qu’elle peut faire plier le gouvernement comme lors du mouvement des gilets jaunes», souligne la directrice générale d’Odoxa, Céline Bracq.
Mais avant cela, les manifestants s’accrochent à un dernier espoir : le verdict du Conseil Constitutionnel. L’institution de la rue Montpensier devra trancher le 14 avril sur la conformité du texte à la Constitution. Les trois quarts des Français (75%) espèrent ainsi une censure totale (55%) ou partielle de la réforme des retraites (43%).
Les Sages rendront ce même jour un second verdict : l’organisation, ou non, d’un référendum d’initiative partagée (RIP) réclamé par la Nupes. 69% des Français souhaitent l’autorisation de cette consultation qui permettrait aux citoyens de se prononcer sur «l’impossibilité d’un report de l’âge légal au-delà de 62 ans». Une majorité d’entre eux (67%) se disent déjà prêts à voter en ce sens. Si le Conseil constitutionnel donne son feu vert, la proposition de loi devra récolter la signature de 10% des inscrits sur les listes électorales, soit environ 4,8 millions de personnes. Un seuil encore jamais atteint.