Plusieurs centaines de manifestants (1500 selon les collectifs organisateurs, 400 selon la préfecture) ont défilé samedi dans le Tarn contre l’autoroute A69 et les «usines à bitume» qui doivent s’installer sur place pour produire le revêtement de ce projet contesté. Parti du village de Saint-Germain-des-Près (Tarn), le cortège mêlant habitants des environs, parents et élèves des écoles locales ainsi que militants d’associations et collectifs écologistes, devait rallier une petite commune voisine mais il a finalement bifurqué pour rejoindre le chantier d’une des deux futures «centrales d’enrobé bitumineux à chaud» qui vont produire les quelque 500.000 tonnes de revêtement de l’A69.

Sur place, une dizaine de gendarmes usant de gaz lacrymogènes n’ont pu empêcher des militants plus nombreux d’entrer sur le site. Revêtus de combinaisons blanches et le plus souvent masqués, ils ont escaladé les collines noires de «fraisat» (matériau issu du recyclage de routes) qui doit être utilisé par la centrale, avec une longue banderole portant le message : «Non à l’autoroute Castres/Toulouse. Contre ce projet écocide !» Certains portaient des pancartes avec le nom de substances chimiques (oxyde d’azote, hydrocarbures, benzopyrène, oxyde de soufre, etc.) qui sont, selon eux, émises par les centrales lors de l’utilisation. Un algeco a été brûlé par des militants au cours de l’action, dégageant une épaisse fumée noire pendant quelques minutes.

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Au départ de la manifestation, Sabine, 68 ans, retraitée du bâtiment et habitante de Villeneuve-lès-Lavaur où doit être installée la deuxième centrale, portait haut son panneau: «nous coulerons votre suffisance dans votre béton». «Ils nous prennent pour des imbéciles, pour des ploucs, en nous disant que ce qui va sortir de l’usine, c’est de la vapeur d’eau. Ils se sont dit “on est à la campagne, avec des paysans”, ils nous ont pris de haut et là ils sont un peu étonnés», a-t-elle affirmé.

Les différents collectifs citoyens et locaux créés contre les centrales à bitume dénoncent les risques pour la santé et l’environnement présentés par les fumées de ces installations provisoires qui vont produire le revêtement de l’autoroute pendant plusieurs mois. «Double peine pour les habitants, non contents de nous imposer une autoroute inutile, écocide et discriminatoire, des élus, l’État, le concessionnaire et le constructeur NGE vont enfumer et polluer notre environnement quotidien», a dénoncé Régis Lux du collectif Lauragais sans bitume, avant le départ du cortège.