Alors que le Conseil constitutionnel a rejeté, mercredi, la demande de référendum d’initiative partagée (RIP) portée par la gauche sur les retraites, le Rassemblement national a décidé d’entrer dans le jeu à son tour. Le groupe parlementaire présidé par Marine Le Pen a donc déposé, mercredi soir, une proposition de loi prévoyant que l’âge légal de départ à la retraite ne puisse pas dépasser les 62 ans, contre les 64 ans prévus par la réforme de l’exécutif. Le texte, calqué sur le programme de la double-finaliste de la présidentielle, prévoit également une durée de cotisation comprise entre 40 et 42 annuités, en fonction de l’âge d’entrée sur le marché du travail – contre les 43 annuités prévues par la réforme.
«Il s’agit, d’abord, de répondre à la macronie qui ment depuis le début en indiquant que nous n’avons aucun projet sur les retraites», commente Thomas Ménagé, député RN du Loiret et référent sur la question, avec sa collègue du Var Laure Lavalette. L’idée, aussi : montrer, conformément à ce qui est proclamé depuis plusieurs semaines, que le parti nationaliste ne craint pas le retour aux urnes, et que ses troupes sont prêtes à soumettre au vote le projet lepéniste. Une prise de risque minime, puisque, selon un sondage Ifop publié dans Le JDD , seuls 32% des Français sont actuellement favorables à la réforme du gouvernement.
Le dépôt de cette proposition de loi permet également au RN de contrer la petite musique selon laquelle Marine Le Pen aurait profité de la colère sociale uniquement grâce à sa discrétion durant les débats parlementaires et les manifestations populaires. «Il s’agit aussi de montrer l’utopie du RIP, ajoute Thomas Ménagé, alors même que le RN défend le principe d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Si la gauche voulait agir, il fallait voter la motion référendaire, ce qu’ils ont refusé, alors que cela aurait stoppé le texte et permis le référendum.»
Le 8 juin prochain, l’Assemblée nationale examinera une proposition de loi déposée par le groupe Liot visant, elle aussi, à rétablir la retraite à 62 ans. Lucides sur la persistance d’un cordon sanitaire entre les groupes d’opposition et le groupe frontiste, les députés RN ont d’ores et déjà annoncé que leur proposition servira de base pour amender le texte de Liot.