«Le nombre de fumeurs se maintient à un niveau élevé en France». Voici le constat dressé par Santé publique France dans son rapport annuel sur le tabagisme dans l’Hexagone publié à l’occasion de la journée mondiale sans tabac. D’après l’étude, en France métropolitaine en 2022, plus de trois personnes de 18 à 75 ans sur dix déclarent fumer (31,8%) et un quart fumer quotidiennement (24,5 %).
Après une baisse d’une ampleur inédite entre 2016 et 2019, le nombre de fumeurs s’est ainsi stabilisé. La différence entre les hommes et les femmes est toujours significative (27,4% contre 21,7%), même si la part des femmes fumant quotidiennement avait augmenté ces dernières années.
La prévalence du tabagisme quotidien est par ailleurs fortement liée au milieu social. En effet, elle est bien plus élevée lorsque le niveau du diplôme est plus faible : si 16,8% des titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat fument tous les jours, la proportion monte à 30,8% chez les personnes qui n’ont aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat. Elle est aussi plus élevée parmi le tiers de la population dont les revenus sont les plus bas (33,6 %). L’autre variable à prendre en compte est celle de la situation professionnelle : 26,1% des actifs occupés fument quotidiennement contre 42,3% des personnes au chômage.
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Une large majorité des fumeurs souhaite cependant arrêter : ils sont près de six sur dix à déclarer avoir envie d’arrêter et plus d’un quart souhaite le faire d’ici six mois. Mais les fumeurs témoignent simultanément d’une certaine difficulté à mettre un terme à leur addiction : 30,3% déclarent avoir essayé d’arrêter au moins une semaine dans les 12 derniers mois, sans succès.
La prévalence du vapotage quotidien reste par ailleurs limitée même si elle a tendance a augmenté : 5,5% des personnes de 18 à 75 ans déclarent vapoter régulièrement, contre 2,5% en 2016.
Pour Santé publique France, ces résultats doivent provoquer un renforcement des politiques publiques de lutte contre le tabagisme. Selon l’organisme public, l’interruption de la baisse du nombre de fumeurs depuis 2019 doit alerter. Et c’est dans cette perspective que le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun avait déjà annoncé un «nouveau programme national de lutte contre le tabac» qui sera lancé cette année. Le plan prévoit notamment une meilleure prévention chez les jeunes qui pourraient se mettre à fumer et un accompagnement plus assidu des fumeurs qui souhaitent arrêter.
L’objectif sur le long terme est celui d’une «génération sans tabac» en 2032. Le comité national de lutte contre le tabagisme a d’ailleurs publié au début du mois de mai ses propositions pour épauler le plan du gouvernement en préparation : continuer à augmenter les prix des paquets de tabac, interdire la vente de tabac avant 21 ans ou encore développer les zones sans tabac.