En proposant aux Républicains de se livrer à une introspection lucide et «sans tabous» de leurs forces et de leurs faiblesses, Éric Ciotti veut poser ces «états généraux de la droite pour la France» comme la première pierre d’une indispensable reconstruction.
Lors de la campagne interne pour la présidence du parti, après le séisme historique d’une défaite présidentielle à 4,78 % dès le premier tour, on se souvient que tous les candidats en lice avaient pointé la nécessité absolue de rebâtir le mouvement «du sol au plafond». Sous le choc, LR avait réussi à conserver une certaine unité autour de la candidate malheureuse, Valérie Pécresse. Mais, inévitablement, la bataille interne pour la présidence du parti avait fini par attiser les tensions entre les camps Ciotti, Retailleau et Pradié. Une fois élu, le président Ciotti avait eu la lourde tâche de recoller les morceaux tout en étant confronté à un double défi très compliqué: assurer la cohésion des premières batailles parlementaires et lancer l’immense chantier d’une reconstruction interne.
Au moment d’ouvrir ces états généraux, le député des Alpes-Maritimes peut compter sur plusieurs outils nouveaux déjà mis en route ou sur le point de démarrer: un exécutif resserré à la tête du parti, un shadow cabinet, un média interne, une académie de formation, un think-tank externe ouvert sur la société civile, une nouvelle direction de la communication, un nouveau siège d’ici à janvier… Avec cet arsenal, le président LR espère d’abord avoir les moyens techniques d’un rebond, rendre la droite plus audible dans le débat politique, entre une majorité macroniste naturellement très exposée et des oppositions radicales qui sont parvenues à être plus visibles que Les Républicains à l’Assemblée nationale.
Mais, pour retrouver leur voix, Les Républicains mesurent également l’urgence de consolider leur ligne idéologique. Ils savent qu’ils doivent impérativement définir qui ils sont et ce qu’ils veulent incarner sur une scène politique où nombre de repères ont disparu. Cette urgence est d’ailleurs posée au cœur des états généraux organisé samedi à Paris. Des témoignages et une table ronde animée par le sénateur Bruno Retailleau sont prévus pour défricher le terrain. Les Républicains veulent comprendre les raisons pour lesquelles les électeurs les ont quittés et trouver les moyens d’affirmer leur identité dans un pays qui «n’a jamais été autant à droite», comme ils le martèlent.
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Fragilisés par la séquence des retraites, durant laquelle leurs divisions ont été révélées au grand jour, ils ont réussi à prendre la main sur l’immigration en posant leurs marqueurs au cœur d’une urgence où les macronistes et le RN ont été forcés de se positionner. Même le président d’Horizons, Édouard Philippe, a jugé urgent d’intervenir sur la question migratoire en partageant certaines alertes lancées par LR. Prenant acte du calendrier de Laurent Wauquiez, que l’on ne verra pas samedi sur la scène du Cirque d’Hiver, Éric Ciotti prend soin aussi de reporter la délicate question de la candidature présidentielle à une date ultérieure. Ces états généraux doivent être ceux du rassemblement. Inutile de froisser les ambitions personnelles avant d’y voir plus clair sur celles des Républicains.
Une journée au Cirque d’Hiver. Animés par Rachida Dati, présidente du conseil national LR, et Geoffroy Didier, député européen, les états généraux de la droite se tiennent samedi au Cirque d’Hiver, à Paris (11e arrondissement), de 9 heures à 16 heures. Après une introduction confiée au président du Sénat, Gérard Larcher, Les Républicains entreront directement dans le vif du sujet via un état des lieux de la droite, un sondage Louis Harris, qualitatif et quantitatif, et des témoignages partagés en direct. Pourquoi des adhérents ont-ils quitté LR? Pour quelles raisons seraient-ils prêts à revenir? Éric Ciotti devrait prononcer son discours vers 12 heures. Aussitôt après, une table ronde sur l’identité de la droite sera animée par le sénateur Bruno Retailleau et divers intellectuels. Puis le député Olivier Marleix tentera à son tour de définir un cap en donnant la parole à des personnes issues de la société civile, témoins de certains secteurs en crise (hôpital, ruralité, entreprise, éducation, agriculture). Enfin, après une séquence «humour», Les Républicains esquisseront des pistes pour leur redressement et seront invités à écouter une conversation sur le wokisme réunissant l’essayiste Éric Naulleau et le sociologue Mathieu Bock-Côté. Le mot de la fin sera confié à Éric Ciotti, chef d’orchestre des états généraux.